Erica : Fille perdue cherche expérience foireuse

L’interaction dans le jeu vidéo, cette impression de jouer un rôle important, crucial même en fonction de l’aventure proposée. Une implication qui s’est d’abord faite par le jeu textuel, pour devenir graphique sous la forme de visual novel, pour aboutir au point & click et autres RPG et renforcer la dramaturgie.

Une scénarisation toujours plus poussée qui conduit naturellement à se rapprocher du cinéma, aidé par la technologie CD et sa grande capacité. Il y aura eu nombre d’essais, plus ou moins réussis, se limitant généralement à de la captation vidéo, voire de dessins animés avec un semblant de gameplay . Apanage du Mega-CD dans ses grandes années, l’on se souviendra de Night Trap, Sewer Shark et autres Double Switch. Visuellement épatants mais à des lustres de la profondeur d’un Snatcher ou The Secret Of The Monkey Island.

Casser le mur entre les deux médias, un pari brillamment relevé par Hideo Kojima pour Metal Gear Solid qui usait des codes du cinéma pour apporter une dimension crédible à sa production.

La brèche étant faite, David Cage proposera le sympathique Fahrenheit avant de s’y engouffrer pleinement en créant le studio Quanticdream et ses réalisations hyper narratives, aux acteurs modélisés et aux contrôles des plus basiques quand ils ne deviennent pas inutiles voire imbéciles, même s’il a su être capable de mieux avec Detroit. Dontnod juste derrière avec Life Is Strange.

La mode étant, différents studios se sont basés sur le septième art pour nombre de productions, avec énormément de mises en scène, de blablas oiseux et ce quelque soit le style de jeu.

Et pour concrétiser cette nouvelles tendances du jeu/cinéma, Sony propose la série des jeux PlayLink comme Hidden Agenda, s’affranchissant de la manette vu que c’est votre téléphone et sa surface tactile qui fait office de périphérique. Une nouvelle façon de se plonger dans l’aventure façon livre dont on est le héros avec les choix caractéristiques pour arriver au dénouement de cette invraisemblable histoire.

L’épisode Bandersnacth de Black Mirror en est le parfait exemple vu qu’il se parcourt avec une simple télécommande, pour une expérience plutôt réussie. Qu’en est-il du thriller de Flavourworks?

Dès les premières minutes  l’on comprend que l’histoire n’a rien de réjouissant. L’assassinat sous ses yeux de son père alors qu’elle était enfant, la vie d’Erica Mason est ponctuée de mysticisme, de visions d’horreur et de ce symbole récurrent charcuté sur les corps. Le tout jeté dans un shaker dans lequel est rajouté un hôpital psychiatrique, des patients plutôt atteints et une corrélation avec le défunt et son épouse elle-même disparue. Un cocktail qui voudrait avoir le goût de David Lynch. Le talent en moins.

Erica est confuse, tout comme celle ou celui qui s’y essaiera. Les événements s’enchaînent sans aucune logique et rapidement l’incompréhension se transforme en un profond ras-le-bol vu la pénibilité de la narration qui perd jusqu’aux acteurs. Erica est surjouée, campée par une Holly Earl peu convaincante dans son rôle de pauvrette amorphe aux grands yeux vides de tristesse sous Lexomil. L’intrigue devient vaine, l’intérêt réduit à peau de chagrin alors que l’on regarde sa montre pour savoir quand la fin arrivera.

Quel dommage. Car Erica n’est pas dénué de qualités. Déjà il bénéficie d’une réalisation solide à défaut d’une direction d’acteurs convaincante. Les plans sont jolis, les thèmes musicaux dans l’ambiance et surtout les interactions avec le film de se faire naturellement, sans aucune coupure. Même si beaucoup d’entre elles sont superfétatoires, il faut saluer le travail réalisé. Ouvrir un briquet, un tiroir et avoir cette sensation satisfaisante d’agir sur la vidéo a quelque chose de magique.

Avec Erica, Flavourworks réussit une chose : Moderniser le Full Motion Video en lui offrant une piste de développement qu’il faudra désormais enrichir pour offrir une véritable alternative au jeu vidéo et quelque part au cinéma vu qu’il en coûtera 9.99 euros, soit le prix d’une place en salle obscure.

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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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