Unicorn Overlord : La classe japonaise

A chaque annonce d’un jeu Vanillaware, mon cœur de vieux joueur bat la chamade.
Un ressenti équivalent à celui que me provoquait la sortie d’un jeu estampillé Squaresoft il y a trente ans ; quand le développeur était encore synonyme de rêve éveillé. Mais ça c’était avant…

Ainsi je suis avidement les projets de George Kamitani et ses équipes. Un peu sans le savoir depuis Princess Crown en 1997 sur la Sega Saturn avant que le studio prenne sa liberté tout en restant étroitement lié à Atlus.

Bientôt cinq ans après 13 Sentinels: Aegis Rim, Vanillaware remet le couvert du jeu tactique en étant plus wargame avec ce Unicorn Overlord ; hommage à la grande tradition du genre dont les portes étendards sont Shining Force, Dragon Force et autres Ogre Battle. L’écran titre est d’ailleurs fortement inspiré de la boîte de ce dernier.

Et de revenir à un contexte héroic fantasy apprécié même si 13 Sentinels: Aegis Rim et Muramasa The Demon Blade sont des essais réussis dans des ambiances différentes.

Dans Unicorn Overlord, pas de chichis. On rentre directement dans une histoire -reconnaissons-le – assez convenue mais suffisamment efficace pour comprendre en quelques minutes tenants et aboutissants de l’aventure.

Dans l’univers de Fevrith la guerre fait rage. Entre alliances brisées et trahisons, Valmore le traitre s’empare de Grand Corinne la capitale de Cornia et se proclame l’héritier de l’empire perdu Zénoïrien en prenant le nom de Galvius. Malgré des efforts soutenus, Ilenia Reine de Cornia et les siens tombent au combat. Fort heureusement elle a pris le temps de confier son fils Alain au fidèle Josef pour fuir et le mettre à l’abris.



Pour autant, l’empire Zénoïrien continue sa conquête de Fevrith pour en avoir la mainmise.

Les années passent et Alain qui n’est plus cet enfant désemparé, décide de monter une équipe pour venger maman et défaire l’odieux Galvius. Et ce par la libération des territoires contrôlés.

Les habitués des wargames comprendront rapidement le fonctionnement du gameplay. Le profane risque bien de s’y perdre, d’autant que les menus nombreux peuvent décourager. Toutefois, ils sont suffisamment explicites pour les assimiler et quand bien même l’on n’est pas rompu au genre, un onglet conseil saura orienter les décisions de formations.



Il faut le rappeler. Dans un wargame tout est question d’anticipation. Il faut analyser la carte, les belligérants pour répondre au mieux aux batailles. C’est après quelques-unes que l’on comprendra les forces et faiblesses des membres de son armée. Vaut-il mieux privilégier des chevaliers face à des fantassins et comment réagir à des voleurs qui savent esquiver? Avec des archers ?
Les classes jouent un rôle déterminent sur la victoire.

Au fur et à mesure de la progression, il sera possible d’enrôler des félons et autres alliés potentiels ( comme des pleutres Zénoïriens ) pour augmenter la variété de ses effectifs et ses chances de victoire.
Il s’agit là d’un véritable travail technique pour éviter une déconvenue à se lancer tête baissée dans la mêlée. Ainsi il faudra sur l’échiquier, placer adroitement cette sorcière derrière un gladiateur qui prendra des coups à sa place. Plusieurs escouades sont possibles une fois que chacune a un nombre de combattants mobilisés. D’abord au nombre de trois, il sera possible d’en rajouter jusqu’à cinq.
Il est d’ailleurs plaisant de voir comment chaque personnage évolue avec les autres en fonction de son passif.

D’anciens ennemis peuvent s’entendre et des romances de se créer. Rien d’extraordinaire, mais cela à le mérite d’exister.

Le jeu étant en temps réel, il est toutefois possible de se mettre en pause pour appréhender au mieux les événements sur la carte. Car si les factions se déplacent au gré des décisions ( y compris celles ennemies ), il est recommandé d’éviter les catapultes, balistes et archers en planque sur les tourelles qui peuvent attaquer directement sur la carte. Le but étant d’en prendre possession et de jouer les agresseurs à son tour. Le jeu est riche et propose à ce point des possibilités que le maîtriser mérite de longues heures d’apprentissage. Cela peut sembler fastidieux de se perdre dans les menus mais n’empêche en rien de constituer une équipe de costauds pour progresser.
La meilleure défense étant l’attaque comme dit l’adage.


D’un point de vue combat, Unicorn Overlord reprend la méthode classique. Les protagonistes se font face et l’on devient spectateur en espérant avoir bien calculé toute éventualité. S’il est possible de passer ses phases pour avoir le résultat de l’affrontement, on ne saurait que trop conseiller de les regarder, ne serait-ce que pour comprendre ce que font ses personnages et découvrir les attaques ennemies. Comme Vanillaware pense à tout, il est possible de les accélérer.

Les éviter serait d’autant plus dommageable, que cette nouvelle production se pare comme à l’accoutumée de graphismes magnifiques. Véritables peintures regorgeant de détails avec des personnages au design fort et des décors d’une finesse remarquable. Signature d’un savoir-faire éprouvé.

L’on saisit la volonté de Vanillaware de rester dans cette 2D artistique, à contre-courant du pixel 8 bits opportun ou de la 3D toujours plus belle mais fade.

Ici on parle d’âme, cette nécessité visuelle qui traversera les âges sans jamais s’altérer avec le temps.
Elégance j’écris ton nom.

D’autant que cette prouesse graphique se voit sublimée par les compositions enchanteresses de Hitoshi Sakimoto et Mitsuhiro Kaneda. Les écouter les yeux fermés est déjà une invitation au voyage.

De l’art pur. Les orfèvres de Vanillaware ont façonné un joyau brut qui s’il n’est pas sans défauts, est à ce point éclatant qu’il devient une nouvelle référence de choix.






 

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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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