Like A Dragon : Infinite Wealth

Que les fans de Yakuza soient ravis.
En un an de temps, c’est trois jeux de la licence qui sont sortis. Ishin, Gaiden et désormais Infinite Wealth ; dernier né du studio Ryu Ga Gotoku qui a repris avec brio l’héritage de Toshihiro Nagoshi.


Et la nouvelle ère de la saga s’est faite sentir. D’abord avec la reprise des jeux à la mode Kiwami et Judgement qui est lointain cousin pas si éloigné.

C’est surtout la grande cassure du septième épisode titré Like A Dragon qui va confirmer ce sang neuf certainement nécessaire après plusieurs épisodes de raclées sauce Beat Them Up.
Pensez-donc. Ils ont osé transformer les tribulations mafieuses en RPG.

A la fois culotté et tellement rafraîchissant, surtout que le bien sérieux Kiryu Kazuma avait laissé le rôle titre à Ichiban Kasuga, un Yakuza sur le retour autrement plus simplet et fantaisiste que le Dragon de Dojima.

Cassure donc qui est une suite logique aux épisodes Kiwami déjà plus décomplexés et certification d’un anti héros grand gamin à la chevelure aussi peu disciplinée que celui qui la porte dont on a plaisir à suivre les mésaventures. Lui qui a pourtant connu la prison et nombre de trahisons comme son illustre modèle sans que cela n’entache son appétit vorace de la vie.


Et pour appréhender au mieux ce huitième épisode, il reste vivement recommandé d’avoir fait le précédent et idéalement le Gaiden qui même s’il est plus court donne suffisamment de matière pour comprendre qui est Kiryu. Car surprise, ce dernier prend part à l’aventure.

On ne saurait que trop vous recommander de tout faire avant en partant du 0, pour entamer ce huitième et finalement neuvième épisode. Allez au moins Gaiden qui est un plus évident.

Quatre années ont passé. On retrouve nos amis Yu Nanba, Koichi Adachi et Saeko Mukoda dans leurs nouvelles vies. Ichiban rangé de toutes embrouilles est devenu un employé modèle chez Hello Work, sorte d’agence pour l’emploi dans laquelle il recase d’anciens Yakuza dans la vie active.

Tout se passe pour le mieux jusqu’à un événement qui va causer les jobs de chacun et à nouveau la galère frappe à la porte. Il sera de bon ton de ne pas dévoiler le pourquoi du comment pour arriver à la conclusion de ce premier arc japonais : Partir en vacances à Hawaï pour se la couler douce mais surtout retrouver Akane, la mère de Ichiban qu’il n’a jamais connue vu que orphelin il a été élevé par des femmes aux mœurs légères et dont le père serait Masumi Arakawa, patriarche de l’alliance Omi et figure tutélaire pour notre héros qui découvre donc sa famille à quarante ans.

C’est après des adieux au pays et aux amis que Ichi arrive sur le sol du cinquantième état des États-Unis, se fait racketter par un chauffeur de taxi, va au domicile de sa mère absente et se retrouve le lendemain dans son plus simple appareil, dépourvu de ses vêtements, argent, passeport etc.



On aurait imaginé Honolulu plus accueillant. Et c’est après quelques longs moments que l’on comprend que Akane est comme par hasard recherchée par toutes les pègres, que Tomizawa le chauffeur de taxi n’est qu’un pauvre sbire malgré lui et que l’intrigue vient de gagner soudainement en intérêt ; en intensité.

Qu’importe la cohérence des événements. L’on est dans Like Dragon, la suite logique de Kiwami et c’est tant mieux.

Et qu’il est agréable de parcourir un nouvel environnement autre que le Japon.
Délaissant son costume rougeâtre caractéristique, c’est un Ichiban décontracté en chemise à fleurs, bermuda et tongs aux pieds que l’on incarne. Le parfait touriste en terre inconnue qui peut rappeler le farniente d’un GTA. Malgré un contexte sérieux, l’humour prime et l’on peut compter sur l’hirsute personnage pour que l’aventure soit des plus épicée.

Yakuza oblige, il est difficile de ne pas se faire alpaguer au premier coin de rue par des hordes d’individus peu charmants. Reprenant donc les combats à la sauce RPG du précédent, on découvre que ces derniers ont gagné en finesse. Il est désormais possible de se déplacer autour de l’adversaire, de se rapprocher d’objets pour faire une attaque plus puissante. Un dynamisme bienvenu qui casse l’austérité certes agréable du genre. De la même manière il est possible de faire des attaques combinées avec un compagnon, d’appeler au téléphone des aides supplémentaires. Et quelles aides !

A noter qu’il est important d’attribuer des jobs tout à fait délirants à chacun pour augmenter la puissance d’attaque. Rien à dire sur cet aspect. Ce Like A Dragon fait les choses bien, a des menus pratiques et apporte de réels plus d’un point de vue gameplay au genre RPG.

Mais n’allez pas croire qu’il s’agira uniquement d’enchaîner les rixes, faire de l’EXP pour terrasser les odieux. Nous sommes dans une des séries de jeu vidéo les plus folles qui soit. Et s’il faut retrouver Maman Akane, il s’avère que d’autres priorités vont se dresser en chemin. Et en la matière cet épisode est probablement le plus riche de tous.



Traditionnellement, l’on fera des rencontres, de très nombreuses rencontres, offrant ces petits moments de vie absolument invraisemblables et marque de fabrique de la saga. Et c’est sans compter le nombre d’activités possibles. Outre les salles de jeux moins bien pourvues qu’à l’accoutumée mais dans lesquelles on peut dépenser ses sous dans le beat them up Spike Out, Virtua Fighter 3tb ou le bien dispensable SEGA Bass Fishing, c’est un poste de livreur à vélo façon Crazy Taxi qu’il sera possible de jouer et carrément une sorte de Tinder sur lequel il faudra séduire quelques donzelles, avec des rencontres in situ assez désopilantes une fois qu’il y a eu match réciproque.

Où le jeu pousse le délire plus loin c’est avec une sorte de Pokémon avec des humains. Ainsi il est possible après des combats gagnés d’attraper des ennemis en les courtisant avec des cadeaux qui feront office de Pokéball. Une fois récupérés il sera possible de les entraîner et de participer à des tournois de Sujimon contre d’autres dresseurs.

Cela paraît rien en l’état, mais il s’avère que l’ensemble est suffisamment bien fichu pour que l’on y passe du temps en oubliant la raison première de la venue sur l’île Océanique.

Mais il y a encore plus chronophage. Dondoko Island. Cette fois Ichiban arrive sur un ancien complexe touristique à l’abandon qui mériterait de retrouver ses lettres de noblesses passées. Le pauvre Matayoshi accompagné des mascottes Gachapin et Mukku aimeraient tant retrouver la gloire des cinq étoiles, mais il ne reste rien sinon des décharges à ciel ouvert créées par une compagnie peu scrupuleuse qu’une Greta Thunberg accuserait d’un  » How dare you !  » les larmes aux yeux. Un squat illégal qu’il faudra éliminer pour que la splendeur de cet endroit paradisiaque accueille à nouveau des touristes.

Et pour ce faire, Ichiban va se se convertir en bâtisseur et gardien des lieux en rossant les infâmes avec Matayoshi devenant une sorte de Tom Nook. Oui nous allons jouer à Animal Crossing…

Si j’ai mis du temps à écrire ce texte c’est que je me suis consacré de longues heures durant à d’abord meubler ma maison, créer des commerces, installer des terrasses, des tables, des transats, des lampadaires etc. Et plus l’on en fabrique, plus le champ des possible s’ouvre avec un catalogue conséquent à mettre en place.



Ajoutons qu’il est possible de faire pousser des légumes ( Harvest Moon oui oui ), pour créer des recettes souvenirs, de pêcher, d’attraper des insectes, d’augmenter le confort de sa maison mais surtout des arrivants qui auront des requêtes à honorer pour qu’ils dépensent de l’argent et faire de ce no man’s land la destination idéale.

Une parenthèse dans le jeu, tout à fait facultative mais qui est à ce point bien réalisée que j’y ai pris du plaisir alors que j’avais su esquiver le jeu de Nintendo pendant le confinement.

Et c’est certainement pour cette générosité qu’il est plus que recommandé de jouer à Infinite Wealth.

Le scénario est prenant, les rebondissements nombreux. Il bénéficie une fois encore de personnages à la forte personnalité très bien écrits et incarnés. A ce sujet il faut et comme dans tous les jeux Ryû ga Gotoku Studio mettre la langue japonaise pour profiter de l’exagération des Seiyū ces doubleurs qui donnent tout. On retiendra également Kiryu Kazuma assagi, au look plus moderne faisant un baroud d’honneur pour terminer son histoire et celle que l’on a partagé avec lui durant bientôt vingt ans. Ca va encore serrer les dents après le final de Like Dragon Gaiden.

Like A Dragon : Infinite Wealth se veut un point final d’une époque mais aussi un nouveau chapitre d’une nouvelle épopée passionnante.

Un très grand jeu comme on les aime, un RPG de haute volée, une expérience unique et inoubliable et une formidable preuve que le jeu japonais a cette âme à nul autre pareil. Merci SEGA.








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