Mierda, mierda…MIERDA !

A sa sortie en 2005, Resident Evil 4 s’est drapé du rôle d’épisode schisme.
Après trois épisodes devenus des classiques du survival horror sur PlayStation, Capcom prend tout le monde de court sur une Nintendo Gamecube en mal de succès, après la présentation de la suite des aventures de Leon S. Kennedy, dans une beta épatante, assez lugubre avec des apparitions fantomatiques digne des canons du film d’épouvante.


Le tout bien entendu en 3D temps réel histoire de propulser la saga dans une nouvelle ère.

Avant propos: On ne reviendra pas sur l’histoire bien connue.

Il n’en sera rien, ou plutôt, si quelques assets ont pu être vaguement conservés, Resident Evil 4 proposait au joueur une plongée dans un village espagnol inhospitalier où le survival horror va laisser place au survival action. Immédiatement prenant dès les premiers pas faits en ces lieux sinistres, la faune locale ne semble pas connaître les us et coutumes de l’accueil, jusqu’à l’arrivée de l’homme à la tronçonneuse, aussi terrifiant que bestial. Une séquence devenue culte pour un jeu qui a pu diviser les fans de la première heure, tant cette nouvelle proposition s’éloignait du matériau initial.



Cela n’empêchera pas au jeu de rencontrer son public et d’être reconnu comme un grand de son époque et fondateur de ce que l’on appelle le TPS.

Je perçois des hurlements d’une âme chagrine au loin qui me dit qu’avant lui il y a eu Lone Soldier en 1996 sur PlayStation. Ce qui n’est pas totalement faux, mais un peu de sérieux voulez-vous.

Dans sa logique de remake next gen de ses anciennes gloires, les rumeurs allaient bon train sur ce Resident Evil 4, après un épisode 2 remarquable et un troisième plus contestable bien que de très belle qualité.

Je vous avouerai qu’une fois annoncé, je n’en voyais pas trop l’intérêt. Le jeu malgré son âge est encore très joli, surtout depuis son traitement HD et certainement que Code Veronica ( le malheureux ) méritait plus les faveurs de son géniteur. Mais ça c’était avant les premiers trailers, la démo et le jeu final.

Car comme déjà dit précédemment ici même, Resident Evil 4 reste le même jeu, mais la recette a quelque peu changé. Plus épicée dirons-nous.

Dès l’introduction, l’on sent la volonté de Capcom de transformer sa grande pantalonnade too much, en un jeu sordide qui flirte avec l’abject. Resident VII est assurément passé par là. Une scène de la secte des illuminados, présente le sacrifice d’une femme ensanglantée. Une étape est franchie, RE4R ne joue plus du tout dans la même cour.

L’arrivée de Leon dans une forêt de nuit, vient rompre avec le jeu d’origine, surtout que la rencontre avec le premier Ganado se fait de manière plus brutale. Les lieux sont connus, mais cette maison a changé. L’habitant également, jusqu’à ouvrir le portail du village et se rendre compte que RER4 a poussé les curseurs assez loin.

Les villageois sont bien entendu au rendez-vous, mais s’avèrent autrement plus sauvages et belliqueux que de par le passé. La technologie aidant, leurs visages plutôt de cire en 2005, se voient nettement plus expressifs. Et à l’écran l’on sent réellement leur envie de massacrer l’étranger que l’on incarne.
De la rage, de la haine et chainsawman qui vient poser sa cerise sur cette folie ambiante.

Le culte pour Lord Sadler est puissant, plus de raison n’est possible quand on est à ce point possédé.

Le décorum est sale, pue la mort. Les ossements ici et là quand il ne s’agit pas de charniers tant d’animaux que d’humains rappellent l’imagerie de Tobe Hooper pour son massacre à la tronçonneuse. Les codes de l’horreur sont là et RE4E qui offre la possibilité d’égorger des assaillants trop câlins, bascule dans de l’ultra violence non expurgée. Un régal pour les fans de gore.

Un traitement qu’il faut saluer, tant RE4R est agréable à l’œil, tant pour ses graphismes que son ambiance.

Le formidable château où nous reçoit Ramon Salazar devenu petit marquis poudré inquiétant confirme la superbe. Des bâtisses à l’architecture soignée, le RE Engine fait des merveilles et invite à une visite surprenante avec des moines cinglés qui s’ils ne disent plus le fameux « Morir Es Vivir » récitent en cœurs une prière commençant par un «  Oh Señor «  saisissant.



A noter le passage avec Ashley qui perdue dans une immense bibliothèque, n’a comme défense qu’une frêle lumière. L’angoisse qui vient casser le défouloir est bienvenue.

Reste un dernier tiers incongru, où des Ganados militaires attaquent dans une ambiance proche Metal Gear. Amusant mais incohérent dans le jeu, on appréciera toutefois le passage dans le laboratoire avec ces saloperies de Regenadores, aussi lents que soudainement agressifs, rappelant les grandes heures de la « promenade  » dans le manoir Spencer, de la forêt de Raccoon.

Mais alors ? C’était bien ?

Resident Evil 4 répond à sa promesse de fort belle manière. Le jeu est graphiquement solide, quand il n’est pas somptueux avec ses effets de lumières qui accentuent le sordide et la peur que cela peut provoquer pour les plus sensibles ; le jeu n’étant pas effrayant. En revanche, les sensations sont présentes et l’ambiance maîtrisée convainc une fois l’aventure entamée.

Le mysticisme est poussé à son paroxysme, les personnages secondaires ( alliés comme ennemis ) et le parasite plaga, mieux développés comme quelques passages qui ont gagné en longueur et efficacité. Des améliorations évidentes, même s’il a fallu supprimer des séquences possiblement ridicules mais tellement série B ( voire plus loin dans le classement nanar), pour radicaliser RE4R, comme le boss U-3 que l’on espère voir revenir dans de prochains DLC.

Au delà de la technique maîtrisée, on apprécie également des contrôles modernisés. Leon est nettement moins lourd à contrôler, peut se déplacer en tirant et n’a plus besoin de son couteau pour briser caisses et tonneaux. Fort heureusement ; la lame n’est plus de la qualité du jeu d’origine et peut casser.
Une contrainte bienvenue qui oblige à une utilisation réfléchie.

Ces ajustements permettent un gameplay plus fluide et dynamique.



Revisiter un jeu à ce point marquant est une entreprise qui pouvait s’avérer casse-gueule.
Faire des concessions pour améliorer de nombreux aspects du jeu, semble être la meilleure des solutions. Les sacrifices ne sont pas au point du remake de l’épisode 3, et l’on prend grand plaisir à redécouvrir un jeu d’une redoutable efficacité, surtout si comme l’auteur de ce texte, votre dernière fois remonte à 2007.

Petit bémol cependant pour ceux qui ont entrepris de le refaire ces dernières années en HD voire sur Occulus Quest. Un parfum de redite voudrait que Capcom aurait dû aller encore plus loin pour réellement se démarquer de son aîné. De la même manière, le scénario avec Ada manque à l’appel. Peut-être pour plus tard vu que le mode Mercenaries est disponible en téléchargement.

Il y avait-il un intérêt véritable à ce remake ? Assurément vu le travail accompli et le bonheur à le parcourir ou mieux à le découvrir pour les plus jeunes.

Aurait-il mieux valu un reboot ? La question peut se poser vu que RE4R en a dans certains moment la saveur. Et certainement que si le 5 et le 6 devaient bénéficier du même soin, les réinterpréter avec un nouvel éclairage tout en conservant le sel, pourrait être la bonne idée.

Qui sera le prochain sur la liste? L’on verra bien, mais je souhaite ardemment que la série des Remakes Next Gen se conclue par le premier épisode. La boucle de cette saga définitivement culte sera alors bouclée.






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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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