SEGA sauce Samouraï

Ce n’est pas une surprise. Je suis un grand fan du studio Ryu ga Gotoku et de ses productions typiquement japonaises. De Yakuza à Judgment, c’est l’archipel qui devient accessible par console interposée. Du grand voyage à grand spectacle, fût-il dans une exagération bienvenue.

Et c’est bien entendu avec joie que j’accueille enfin en version compréhensible, Ryu ga Gotoku Ishin! sorti en 2014 uniquement sur son territoire et rebaptisé Like A Dragon Ishin !, histoire de faire écho au dernier Yakuza sorti et de rappeler au profane qui ne connaît pas la série, qu’il s’inscrit dans cette grande saga.

Et qui dit Yakuza, dit trahison ou sacrifice et injustice. L’on ne va pas changer une recette éprouvée. C’est ainsi avec ce studio. Le protagoniste qui commence un cycle se voit obligatoirement dans une position peu envieuse. Ryoma Sakamoto, figure historique du Japon, est le témoin malheureux de l’assassinat de son père adoptif, personne importante et influente de Tosa. Accusé à tort, le voilà devenu paria, contraint de quitter les lieux pour sauver sa peau mais surtout pour retrouver l’odieux qui a ôté la vie à ce patriarche aimant et aimé.



L’intelligence de l’épisode Ishin ! est de s’inspirer d’une époque réelle, tout en réinventant l’histoire de Sakamoto. Ainsi l’on se retrouve à la fin d’une période pour en commencer une autre plus moderne. A la manière du Far West qui va voir ses cowboys ringardisés dès le début du XXème siècle, les samouraïs de l’ère Edo sont dans l’obligation d’évoluer avec leur temps, celui de lère Meiji à la fin du XIX ème. L’usage inédit des armes à feu confirme cette rupture. Historique dans son déroulé, Like A Dragon Ishin ! devient encyclopédique pour les occidentaux avec la fin du shogunat de Tokugawa. Il est toujours bon d’apprendre d’une autre culture.

Mais que les cancres au fond soient rassurés. Ishin! C’est surtout la dose de fun pour éclaircir ce bouillon de sérieux.

Et c’est avec étonnement que l’on retrouve les protagonistes des Yakuza, camper de nouveaux rôles, comme s’il s’agissait d’acteurs. Ainsi la figure emblématique Kazuya Kiryu endosse celui de la légende Sakamoto. Mieux vaut connaître les jeux précédents pour profiter pleinement de Ishin! et s’amuser de voir qui est devenu qui.



De formidables retrouvailles, surtout que SEGA a eu la bonne idée d’avoir des invités de marque sous la forme de cartes d’attaque, à l’image du catcheur Kenny Omega de la AEW. J’avoue que j’aurais bien apprécié le retrouver dans le jeu. Keiji Mutoh, Kazuchika Okada, Hiroshi Tanahashi ou Masahiro Chono ( nWo Japan les gars ) se sont retrouvés avec d’autres dans Yakuza 2 Kiwami et 6. Dommage

S’il est l’un des meilleur dans sa catégorie  » The Cleaner  » est surtout très populaire au Japon pour avoir eu l’essentiel de sa carrière à la NJPW, plus grosse promotion du pays. Un choix qui semble naturel, tant les développeurs nippons y font références dans leurs jeux ou dans leurs teasers. Omega incarnait alors Cody Travers pour le compte de Capcom sur Youtube.

Cette volonté de respecter les traditions d’un Japon féodal tout en apportant cette touche théâtrale se sent rapidement le pad en mains.

Et c’est rapidement que Kiryu Sakamoto ( appelons le ainsi ) va se retrouver plongé dans la grande ville de Kyoto. Un dépaysement saisissant des plus réussis. Comme dans Yakuza ou Judgement, l’on évolue dans les rues, l’on se prend à être touriste, à discuter avec les habitants et se faire évidemment alpaguer par la faune locale.


Il va donc falloir une nouvelle fois rosser l’importun, sauf que samouraï oblige, les lames vont trancher dans le vif et la poudre va parler parce que à un moment il est bon de goûter à la modernité.

Ceux qui ont connu les Bushido Blade sur la première PlayStation vont retrouver des sensations que l’on a plus depuis des années.

Jouissifs ( bien que souvent trop récurrents ), les combats offrent plusieurs possibilités d’occire les assaillants en proposant plusieurs styles sélectionnables instantanément, tout en les faisant évoluer grâce à des arbres de compétences.

De l’art de rendre chèvre celui qui trop sûr de lui voulait voler la bourse de notre ronin préféré. Parades, pas de danses, coups de lame qui se terminent par la déflagration de la pétoire, il y a un véritable amusement à jouer les fiers-à-bras dans des bains de sang.


Dans ce Kyoto historique, Ishin! n’oublie pas ses racines. Les quêtes secondaires souvent drôles sont de la partie, comme les activités ( on peut faite son potager ) et les mini jeux invraisemblables. Je me souviens encore d’un passage dans une maison close dans laquelle une accorte jeune femme me proposait un jeu à boire pour terminer sur un strip Pierre, Ciseaux, Papier. Je n’en dis pas plus, ce serait gâcher le plaisir.



Pour autant, Ishin! ne se limite pas à la joute brutale et autres réjouissances. Il ne faut pas oublier la vengeance qui nous anime et continuer le scénario emprunt d’un passé lointain ; grande force de cette production.

Jouer à Yakuza c’est accepter ses contraintes. Si ce remake prend des allures de Kiwami, il peut peiner à convaincre celui qui débute avec cet épisode. Ishin! reste ce qu’il était et s’avère daté dans son gameplay et ses environnements très bien réalisés mais peu variés et sans la démesure de la grande mégalopole qui abrite le quartier devenu pittoresque de Kamurocho.

Au chapitre des ombres qui ternissent, le jeu est très verbeux et peut perdre son joueur qui devient spectateur d’une intrigue certes passionnante mais dans la langue originale sous titrée. Celui qui a l’habitude la VF dans ses jeux ou Netflix pourrait bien décrocher.

Mais ce serait passer à côté d’un pan historique d’importance notamment avec l’intégration du héros dans la milice du Shinsen gumi.

Like A Dragon Ishin! est un jeu imparfait. Calibré et faisant montre de qualités évidentes pour tout ce qu’il offre, il est souvent décourageant de par ses routines et ses allers-retours pas toujours pertinents.

Fort heureusement sa générosité vient contrebalancer ses aspects négatifs. Rarement il est proposé de remonter dans le temps et de vivre une fresque formidablement terrible tout en souriant grâce à un casting trois étoiles de personnages hauts en couleurs et des situations qui rendent aussi triste que hilare.

A recommander vivement aux initiés qui retrouveront leurs marques rapidement et découvriront un autre visage de ce qu’il est bon de rappeler : Un monument du jeu japonais.



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