C’est un peu plus d’un an après un second épisode remarquable, que les mésaventures au sein de Raccoon City continuent dans l’ultime épisode de cet arc, fort attendu par une horde de fans.
Étonnamment premier jeu de la saga pour de nombreux joueurs en 1999, il est aussi clivant pour son aspect plus action bien que respectueux de la tradition originale du survival horror.
Suite directe des événements narrés avec Leon.S Kennedy, elle se passe pourtant chronologiquement, vingt-quatre heure avant l’arrivée de la jeune recrue au commissariat. C’est une Jill Valentine quelque peu échaudée de son séjour peu calme au Manoir Spencer que l’on retrouve. A noter une scène d’introspection tout à fait saisissante surtout en cette drôle de période que nous avons vécue.
Dans son petit appartement, une décision se prend : Quitter la ville maudite pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Pourvu que le virus se cantonne à la région. Pourtant, les envies de liberté de la membre des S.T.A.R.S vont se voir rapidement contrariées avec la venue du nouveau Tyran créé par Umbrella Corporation: Le terrible Nemesis.
Le sous-titre « Last Escape » pour Bio Hazard 3 dans sa version japonaise prend alors tout son sens.
Seule mais malgré tout accompagnée, Jill fera la rencontre d’une autre unité spéciale ; l’U.B.C.S, envoyée par Umbrella pour régler les « petits » soucis dont le laboratoire est responsable. Composée de personnages forts à l’image de Mikhail Viktor et le sournois Nicholai Sokolov ( presque comme dans Metal Gear Solid 3), l’on retiendra le beau gosse de l’aventure sous les traits de Carlos Oliveira qui se pare d’une tignasse abondante et d’une barbe de trois jours pour l’occasion. Si la belle sait résister aux zombies, en sera-t-il de même avec le charismatique latino?
Trêve de romance, rentrons dans la mêlée, le Nemesis n’attend que ça.
Capcom l’avait annoncé, cette itération sera plus brutale. Cela est dû en grande partie à l’environnement. Si le commissariat de Raccoon City avait des airs de déjà vu avec son imposante bâtisse faite de nombreuses pièces, ici le cadre de la fuite est nettement plus urbain, même s’il faudra bien revenir dans des lieux connus. Malin.
Ainsi l’on se retrouve généralement dans des couloirs à massacrer ou esquiver ( fonction très appréciable pour économiser de la cartouche) des hordes de décharnés tout en progressant dans des alentours assez restreints qui forcent un script bien trop visible. L’on aurait apprécié un peu plus d’horizon. Toutefois, l’argument tension et point d’orgue du jeu repose sur Nemesis, sorte de rôle titre devenu culte avec les années.
En 1999, chacune de ses apparitions conférait ces moments de stress intense vu la puissance du gonze. Armoire à glace sachant courir, faire des bons de plusieurs mètres, il est aussi armé en lance flamme et roquettes. Le genre de sparadrap très attachant comme celui dont essaie de se débarrasser le Capitaine Haddock dans l’album L’Affaire Tournesol. En 2020 le grand con ( c’est amical ) est très impressionnant, mais ne sait plus effrayer.
Inexorable bourrin programmé pour éliminer les S.T.A.R.S dont il prononçait le nom tout le temps originellement, l’ersatz d’un Terminator encore plus énervé a perdu de sa superbe, surtout face au Mr X remake.
La comparaison pourrait être celle du porno à l’érotisme. L’on sait la finalité que la pratique n’est pas la même. Mr X se devinait de ses pas lourds qui faisaient trembler l’édifice alors qu’il s’approchait petit à petit. Un teasing assez captivant quand Nemesis a déjà tout déballé et ce sans lui glisser un billet. Quel dommage, la menace s’en voit altérée et les codes de l’horreur à suspens totalement annihilés.
Nemesis en veut à Jill, lui galope après mais se limite à ces maigres actions. On peut tenter l’affrontement de plein fouet que cela se limitera à le ralentir en s’aidant de bidons à faire exploser ou d’un lance grenades. On passe donc son temps à le fuir tout en connaissant les zones qu’il visite. Mr X et ses coucous surprises savait créer l’événement lui.
Cependant, n’allez pas croire que ces moments soient ratés. Il y a une vraie propension cinématographique suffisamment bien orchestrée pour ressentir quelques sensations, quand bien même des phases téléphonées. Des changements qui vont s’accentuer au fur et à mesure de l’aventure vu que Capcom a tiré un trait sur des séquences pourtant importantes et signatures de son jeu.
Plus de beffroi, plus de parc. La consternation. Que le jeu ait des aménagements est entendu, notamment en nouveaux lieux, mais retirer purement et simplement ce qui en faisait le sel est incompréhensible. Un remake est l’occasion d’améliorer la recette, de la compléter comme le passage de l’orphelinat dans l’épisode précédent, pas d’amputer une oeuvre.
Imaginez un nouveau remake de Metal Gear Solid sans Psycho Mantis. Inimaginable. De la même manière, le bestiaire se veut moins riche et le charcutage des pauvres zombies moins gore. On pourrait souligner un manque d’énigmes, une linéarité patente et une durée de vie trop courte alors qu’une rallonge aurait été appréciée. Et ce n’est pas le mode Resistance anecdotique qui saura l’augmenter conséquemment.
On impute la chose à une sortie trop rapprochée que l’argument ne tient pas. A l’époque Resident Evil 2 est sorti au début 98 et sa suite à l’automne 99. De plus Capcom bénéficie de tout son travail sur son remake. Pas de création en plus surtout que les assets sont repris. Juste quelques améliorations graphiques pour un moteur solide et mieux maîtrisé.
Malgré tout ces reproches, ne boudons pas notre plaisir. Resident Evil 3 Remake est loin d’être un mauvais jeu. Évoluer dans les ruelles lugubres procure de très bons moments, qui savent à l’occasion donner quelques sueurs, notamment grâce à un éclairage qui rend l’ensemble par moment angoissant.
On regrettera alors le manque d’ambition du titre qui a des airs de DLC de luxe ; parfait s’il avait été vendu avec Resident Evil 2.
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