Il en faut peu pour être heureux

001

Pour mon premier billet d’humeur, les sujets critiquables ne manquaient pas. Les DLC à outrance, le succès ô combien déprimant des jeux de guerre, la concurrence déloyale des jeux sur smartphone, la mentalité affligeante de nombreux joueurs à l’égard des joueuses (LE sujet du moment)…

Non, pour une première, positivons. Surtout quand on nous sert sur un plateau une vraie raison de positiver, de continuer d’aimer le jeu vidéo – voire une partie de la communauté qu’il parvient à fédérer. Celle-ci portait le nom de Savoie Retro Games.

Nom générique, passe-partout, qui ne paie pas de mine. Et pourtant. Après plus d’un an de préparation, Bertrand Girardon, l’organisateur, est parvenu non seulement à rassembler énormément de machines – de toutes générations et de tous horizons, parfois récentes, souvent en import – en libre démonstration, mais surtout à faire appel à quelques personnalités bien connues des vieux briscards du JV que nous sommes. Jean-Marc Demoly alias J’m Destroy, l’infatigable AHL, et surtout Monsieur le Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, le Père du survival-horror moderne : Frédérick Raynal.

 

002

 

J’m Destroy supplie Frédérick Raynal d’avoir une dédicace sous l’oeil bienveillant d’AHL, ça donne un (autre) moment de déconnade.

Deux grandes figures de la presse jeu vidéo des années 90 et un développeur de renom, voilà ce qui s’appelle des invités de marque.

Mais, me direz-vous, n’importe quel autre salon, beaucoup plus grand même, peut avoir lui aussi ces invités, ces “stars du JV”, plus nombreuses encore, que les visiteurs ont le bonheur d’approcher le temps d’une dédicace et d’échanger deux ou trois mots, après une file d’attente de ¾ d’heure au beau milieu d’une foule de streetpassers qui font passer le temps comme ils peuvent.

006

Alain Huygues Lacour et J’m Destroy se font prendre en photo avec un photo d’eux d’il y a 23 ans…

 

Ce qui n’était précisément pas le cas ici, contre toute attente. J’avais pourtant prévu le coup, 3DS en poche ! Quand ils n’étaient pas attablés à leurs dédicaces ou en conférences, ces éminents personnages allaient et venaient dans le salon, s’essayaient à telle ou telle console, discutaient en toute simplicité avec tout le monde. Que ce fut au comptoir en partageant une bière, dans l’espace extérieur à griller une clope, ou dans la bruyante pièce principale dans laquelle près de soixante-dix consoles allumées engendraient une merveilleuse cacophonie fleurant bon nos regrettées salles d’arcade.

Et c’était ça, l’âme de ce festival. C’était voir AHL déambuler de console en console, toujours en train d’échanger avec des joueurs curieux ou d’anciens lecteurs de feu Consoles +. Ou encore entendre J’m Destroy débattre, raconter des anecdotes complètement surréalistes et même piquer un gros fou rire qui lui a valu de pratiquement s’étouffer après avoir rameuté l’ensemble de la salle.

 

 

Enfin, c’était aussi observer Frédérick Raynal faire une démonstration d’Alone in the Dark (qu’il connait encore par cœur !) ou l’entendre évoquer son futur projet, 2Dark, autour d’un verre, le plus naturellement. Plus que jouer à tel ou tel jeu, que découvrir telle ou telle machine, le coeur du salon était là : l’ambiance sans chichis, dans la simplicité et la franche déconnade. Et ça a duré, jusque tard le soir, après un tournoi survolté de Super Mario Kart – où j’ai tout de même atteint la troisième marche du podium plus une série d’affrontements sur Street Fighter II Turbo, avec son lot habituel de hurlements de rage à l’issue d’un round s’achevant sur deux barres de santé dans le rouge tant les coups ont fusé.

007

En compagnie de Frédérick Raynal, je dédicaçais l’Anthologie Nintendo 64 pendant que lui présentait son futur survival-horror, 2Dark.

 

Je pourrais citer également les diverses conférences passionnantes à suivre, les vendeurs de jeux d’occasion sur place qui proposaient jeux et goodies, parfois même des raretés, à des prix plus que corrects, ou encore la gentillesse des organisateurs, mais inutile d’en rajouter. Seules ombres au tableau, un nombre de visiteurs inférieur à l’an passé, et le désistement d’un autre invité, le Dr Lakav..

Rien n’a donc pu pu gâcher ce rendez-vous incroyable, qui prouve que lorsque les joueurs se démènent pour partager leur passion, le résultat est là. La taille ne fait pas la grandeur, et ce petit festival était assurément un grand, très grand moment qu’il aurait vraiment été dommage de manquer

About Mathieu Manent
Auteur de " L'Anthologie Nintendo 64 "

A propos Mathieu Manent 2 Articles
Auteur de " L'Anthologie Nintendo 64 "
Contact : Site web