En 2003, j’avais 17 ans et je n’avais pas encore mon baccalauréat.
En 2003, j’avais 17 ans, la GameCube était la meilleure console du monde, et UbiSoft un développeur sans réelle fausse note : Splinter Cell était une nouvelle licence forte dans le monde du jeu d’infiltration, l’humour de Rayman 3: Hoodlum Havoc faisait mouche sans lapins et seule Murphy la grenouille était crétine, et Beyond Good & Evil était le jeu le plus proche d’une œuvre d’art. Emma de Caunes faisait oublier le doublage ridicule de Warrior Within, ses thématiques propagandistes présageaient ce que sera Edward Snowden, Pey’J était classieux. C’était l’avenir, et c’était grand.
Malgré son échec commercial en son temps, le jeu avait cette saveur, immédiatement reconnaissable, de « l’instant classic » ; et ses ressorties successives, qui en « Player’s Choice », qui en téléchargement, parachevèrent d’en faire une perle rare, à l’image de ces films d’auteurs qui passent toujours dans les festivals des cinq ou six ans après leur sortie, qui ne cessent de faire des émules et de faire grossir les rangs de leurs fanatiques.
Dès 2008, une suite fut annoncée comme cela est souvent la coutume dans ce milieu. Et elle fut annoncée encore deux ans plus tard. Et deux ans plus tard. Et deux ans plus tard. Pouvait-on se moquer encore de Duke Nukem Forever ? Si ce n’est des promesses et quelques rares artworks, une brève vidéo qui de course-poursuite, qui d’une mouche, l’on avait rien.
Et puis vint l’E3 2017.
Une vidéo sur un air d’Asian Dub Foundation ; un rendu qui pourrait presque passer pour une version steampunk de Zootopia ; un humour qui fonctionne cependant, et un univers qui donne envie d’en savoir plus.
Seule ombre au tableau : il s’agi(rai)t d’une préquelle… C’est-à-dire que le cliffhanger terminant le premier jeu ne sera pas encore immédiatement résolu. C’est-à-dire aussi qu’en admettant que ce BG&E2 sorte bel et bien, et dans un délai raisonnable tandis que rien n’a été communiqué, il faudra toujours attendre BG&E3 pour sentir son âme entière.
Mais avouons-le : les larmes de Michel Ancel resteront sans doute dans les mémoires comme le plus beau moment de cet E3 un peu plan. Je me consolerai alors, en disant que les plus grandes tempêtes sont toujours annoncées par les petites brises.
About Mathieu Goux
Co-Responsable de Ze Player, Rédacteur sur Grospixels.com, Animateur sur Radiojv.com.
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