13 Sentinels Aegis Rim : Invitation à la SF japonaise

Pour les amoureux du jeu vidéo typiquement japonais, chaque sortie d’un jeu Atlus et plus exactement de Vanillaware, (studio intimement lié au développeur) est un petit événement.

Les plus anciens qui se frottaient aux bonheurs de l’import dans les années 90, se souviennent encore avec émoi d’un Princess Crown en 2D sur la Saturn en décalage avec son époque où la 3D faisait rage. Véritable enchantement ludique.

Avec le temps, Vanillaware s’est considérablement bonifié, préférant cette patte 2D charmante, en proposant de véritables tableaux magnifiques d’un détail jusqu’au-boutiste. Œuvres graphiques n’est ici en rien galvaudé.

Odin Sphere, Muramasa The Demon Blade ou le dernier en date Dragon’s Crown, sont autant de témoignages d’un amour féroce aux fondations mêmes du jeu vidéo traditionnel se jouant des sirènes mercantiles des triples A. Nous sommes en présence d’artisans.


C’est donc sept après et un développement des plus long, que nous arrive enfin 13 Sentinels Aegis Rim dans une version compréhensible. Merci à ce titre à Koch Media qui prend souvent le risque de localiser des jeux à part.

Et si l’on est initié aux délires purement nippons, cette production a de quoi perturber une fois la partie lancée. Du moins durant les premières minutes tant l’on bascule aisément dans cette aventure alambiquée et ô combien caractéristique de son pays d’origine.

La proposition de Vanillaware s’éloigne quelque peu des jeux d’action dont nous avions l’habitude pour revenir à un genre qui lui a réussi avec Grim Grimoire : Le Tactical RPG.

A la différence que le contexte n’aura rien de médiéval vu que les événements prennent place dans un Japon de 1985 à la fin de l’ère Shōwa. Du moins au début ; les voyages dans le temps étant monnaie courante dans ces surprenantes tribulations. Le jeu n’hésite pas à revenir durant la guerre en 1944…

Dans sa phase introductive l’on saisit rapidement les grands enjeux. La ville de Ashitaba City est aux abois, la foule fuit une menace et la jeune Iori Fuyusaka se retrouve aux commandes d’un puissant mecha pour défaire des Kaijus appelés Deimos. Déboussolée et encore novice dans le maniement d’une telle forteresse, il s’agira d’un tutoriel pour progresser et ainsi ouvrir le premier chapitre de ce qui s’annonce une saga.

Pour mieux comprendre les faits, on icarne quelques jours auparavant, Juro Kurabe, fan de films de science fiction dans le Lycée Sakura ; lieu emblématique et rendez-vous régulier de ces étudiants si particuliers.

Les parties à la Front Mission mises de côté, on retrouve tout le savoir-faire de Vanillaware. Déplacement dans une 2D somptueuse, on s’étonne à évoluer dans une sorte de Visual Novel à parler avec un maximum de protagonistes que l’on campera pour certains vu qu’au final ils seront treize. Les étudiants étant, la référence à Tokimeki Memorial se veut évidente tandis que la dramaturgie de l’ensemble nous renvoie vers Snatcher ou plus récemment 428: Shibuya Scramble. L’aspect Shonen en bonus.

Ces phases très verbeuses sont bien entendu nécessaires à la compréhension des histoires de chacun des héros: leurs sentiments, états d’âme et autres sucreries que ce texte ne révélera pas. Le clin d’oeil forcé à Evangelion est bien présent. L’on pensera également à Macross et Gundam pour les robots géants.

Difficilement appréhendable pour les nouveaux arrivants dans l’univers japonais, 13 Sentinels Aegis Rim ne ménage pas les plus férus d’histoires fouillées voire inutilement complexes. Fort heureusement, l’accès à une encyclopédie permet de raccrocher les wagons quand les ellipses pas toujours bien menées font perdre le fil.

Nous sommes bien en présence d’un jeu en marge, voire de niche avec tout ce qu’il peut apporter en terme de réjouissances comme déceptions. La plus évidente étant la représentation graphique des phases tactiques.

Se résumant à l’essentiel, il est regrettable de déplacer des points lumineux qui en affrontent d’autres, quand bien même une fenêtre affiche les exemples d’attaques de ces merveilles technologiques. C’est maigre, surtout en comparaison avec d’autres jeux du genre. Il faudra alors se contenter d’explosions certes élégantes mais à des lustres des espoirs que l’on peut placer dans un tel studio. Surtout que les fins stratèges découvriront une richesse surprenante qui gagnera en complexité en fonction des robots et surtout des époques dans lesquels ils sont pilotés. Etonnamment, on oublie cette représentation limite militaire avec placements sur carte pour rentrer dans des combats intenses, même si voir les factions modélisées aurait apporté une valeur ajoutée évidente.

Et c’est bien heureusement l’important. Généreux, les moments tactiques sont aussi plaisants à jouer qu’à lire vu que les pilotes communiquent entre eux en permanence. Ce genre d’ajouts appréciables, rappellent les animés et contribuent fortement à l’attachement que l’on porte à ces jeunes gens tout comme à la résolution des intrigues.

C’est tout le sel de 13 Sentinels Aegis Rim. Un mélange épatant qui plonge le joueur dans un Japon crédible sur plus d’un siècle d’affrontements, de petites romances et de prises de tête que tout amateur de manga saura apprécier à sa juste valeur.

Dense et redoutablement prenant. Un petit bonheur.

Nouveau pied de nez à la mode Vanillaware dans un marché qui lorgne vers la facilité avec des jeux sans profondeur, les habitués comme les plus curieux doivent sauter le pas et ouvrir cet épais bouquin de plusieurs chapitres. Idéal au chaud alors que le temps est des plus maussade.

Ne dites jamais non à l’évasion.

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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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