Dreams : J’en ai rêvé, Sony l’a fait.

Même si le clin d’œil à ce vieux slogan des années 80-90 semble idoine, c’est plutôt le studio Media Molecule, désormais sous l’égide du japonais depuis 2010 qui est aux commandes. Une jolie acquisition pour de jolies réalisations qui ont fait sensation en leurs temps à l’image des adorables Little Big Planet et Tearaway. Une patte graphique évidente liée à un certain talent de réalisation, quand bien même un léger manque de finition au niveau des contrôles.

Des jeux plutôt oniriques, faisant pour LBP la part belle à la création avant même Mario Maker. Aussi Dreams était attendu de longue date et ce depuis 2017 avec une promesse : la possibilité de créer des jeux vidéo rien que ça.

Un projet insensé, impensable sur lequel on pouvait nourrir les plus grandes craintes. Trop ambitieux. Et pourtant.

C’est en mains que l’on se rend compte du travail considérable abattu par les équipes de Mm. D’abord par le mode solo qui s’il n’est pas des plus intéressant pose les fondations du potentiel de Dreams.  « Le Rêve D’Art  » dans lequel on campe un contrebassiste quelque peu dépressif et en quête de soi, est un florilège de plateformes et de recherches sans grande envergure sinon de rappeler que cette réalisation léchée est faite avec le moteur de Dreams.

Concrètement, n’importe qui d’un peu chevronné peut à son tour créer l’équivalent de ce qu’il a pu jouer précédemment. A peine croyable.

Ce petit jeu balaie donc l’horizon des possibilités offertes par ce que l’on doit appeler un logiciel et se veut la partie immergée de l’iceberg car Dreams est une grosse boîte à outils d’une taille telle que le bricolage semble infini.

Pour se faire, il faudra passer par le tutoriel un brin agaçant. Parfaitement pédagogique pour un jeune public qui appréciera la voix off très enjouée youpi et tralala qui n’aura de cesse que de célébrer la moindre action. Un encouragement comme une narration devenant superfétatoires si l’on est plus vieux. Toutefois, ce passage étant obligatoire, il n’est pas non plus dénué d’intérêt. S’aventurer dans Dreams sans ce minimum de bagage conduit à un résultat peu concluant niveau construction.

Cette page blanche peut s’avérer même intimidante. Nous sommes en 3D et concevoir dans l’espace n’est pas aussi aisé qu’avec une feuille et un crayon. Pourtant avec un peu de patience il devient possible de devenir un apprenti développeur et ce sans aucune connaissance technique. Attention toutefois, il faudra une certaine pratique de Dreams et de nombreuses heures pour véritablement aboutir à ce qui ressemble à un jeu. Par chance, la collaboration par le partage d’objets comme de thèmes, permettent de se sentir moins désemparé. Mieux vaudra commencer par de petits projets tout en laissant la possibilité à d’autres joueurs de remanier sa création.  Tellement malin même s’il va falloir s’atteler à la tâche et  » cent fois sur le métier remettez votre ouvrage ».

Les plus talentueux pourront sans mal se servir de Dreams comme book  pour se faire connaître.

Heureusement les plus fainéants ne seront pas laissés pour compte grâce à la partie la plus extraordinaire de Dreams. Le voyage onirique permet d’essayer les créations des autres rêveurs et là force est de constater que ce trip ne laissera pas indemne.

Avec une telle richesse créative à disposition, c’est un choix considérable d’expériences variées qui s’ouvre à nous. Du jeu de plateforme en passant par le sport, le shoot them up et autres concepts aberrants Dreams devient un fabuleux coffre à jouets qui recèle de trésors. Ainsi ai-je pu jouer à Super Mario 64 sur PS4 de la plus surprenante des manières.

Bien entendu, beaucoup de ces jeux sont mal dégrossis méritent un peaufinage, mais en mains la chose est remarquable surtout si un soin a été apporté.

On prend énormément de plaisir à parcourir ce voyage onirique et on se laisse happer par les plus chouettes délires tant visuels que musicaux.  Dreams sait impressionner, émerveiller et me rappelle les périodes démo making sur Amiga 500 et Atari 520 ST que j’adorais regarder. De la même manière certains rêveurs reviennent à l’essentiel graphique avec des modèles 3D proches de ce que l’on pouvait voir lors du salon Imagina il y a de cela plus de trente ans.

En l’état, Dreams n’est pas un jeu vidéo mais bien un outil de travail comme un ticket vers un irrésistible inconnu. Alors envolez vous, ce n’est pas tous les jours que l’on peut rêver les yeux grands ouverts.

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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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