Les 1001 et jeux vidéo auxquels il faut avoir joué dans sa vie, tel est le titre de cet ouvrage, destiné aux novices comme aux experts en la matière. Sujet toujours un peu casse gueule vu qu’il est difficile de rester impartial ou totalement objectif quand on traite un thème avec passion.
Après tout, il est d’une grande légitimité de mettre en avant les titres qui remportent une adhésion populaire comme tout à fait personnelle. Sauf que ce bouquin préfacé par Marcus et dirigé par Tony Mott ( rédacteur du magazine Edge) est d’une aberration proverbiale.
Vous vouliez de la qualité, de la précision ? Fuyez ce grimoire inconsistant ; fécond d’erreurs.
Je n’ai fait que le parcourir chez un ami, mais reste interloqué des grossièretés écrites vu le pedigree de l’intéressé.
Déjà un problème d’organisation. On ne sait jamais si la machine choisie pour illustrer le jeu est celle sur laquelle il a vu le jour. Vu que parfois on peut lire multisupport.
Alors je m’interroge. Another World a donc été initié sur Megadrive et Super Nintendo. C’est ce que l’on notera dans les machines l’ayant accueilli. Point d’Amiga ou d’Atari ST ordinateurs sur lesquels le titre d’Eric Chahi a créé sa légende.
On se dit c’est une erreur d’étourderie, parfois ça passe à l’as malgré les relectures.
Sauf que Virtua Racing n’a jamais vu le jour sur Super Nintendo. Le bouquin est truffé de ce genre d’inepties, à se demander si ce n’est pas volontaire pour faire le jeu des 1001 erreurs.
Reprenant ce principe du « On ne sait plus sur quelle machine le jeu a vu le jour », on saluera tout de même la précision de la Playstation pour Resident Evil premier du nom. Pourtant, il est bien disponible sur différentes machines, alors pourquoi ne pas mettre multisupport ?
De même, devons nous nous étonner de voir une image de la version Gamecube pour illustrer l’article ?
Un laisser aller manifeste, intolérable vu les 32 euros demandés.
Pire encore le choix des jeux. Dans ces 1001 jamais vous ne verrez la trace d’un PC Kid. On préfèrera mettre au pinacle des indispensables Just A Cause, Smackdown Vs Raw 2010, UFC 2009, Resident Evil 5. Mention tout à fait spéciale à Army Of Two : The 40th Day.
On croit rêver…
Si Megaman se voit dans le livre, c’est bien dans son épisode 9. Vous savez celui sorti sur les plate-formes de téléchargement en 2008. Exit l’épisode 2 pourtant reconnu comme le plus emblématique…
Ça vous a plu ? Vous en voulez encore ? Ne bougez pas, je vais vous rassasier mes chéris. Si les textes sont traduits de la version anglaise, on se demande qui a fait le travail d’adaptation.
Ce n’est pourtant pas les moyens qui manquent chez Flammarion. Un fin connaisseur en jeu vidéo, aurait-il pu laisser passer le titre « Cruise For A Corpse » dans une édition française ?
Un jeu français appelé Croisière Pour Un Cadavre, réalisé par Delphine Software sous l’oeil bienveillant d’un certain Paul Cuisset ; nouvellement Membre d’honneur de l’association MO5.
Imaginez dans un livre traduit de l’anglais sur le cinéma on trouve « The Birdcage » pour La Cage Aux Folles d’Edouard Molinaro avec Michel Serrault et Ugo Tognazzi. Insensé…
Le livre est donc une mine d’incohérences. L’esthète s’étonnera de ne pas trouver son Final Match Tennis tant aimé sur sa PC Engine, mais bien Super Tennis sur Super Nintendo. Nonobstant la qualité de ce dernier, ce n’est pas celui-ci qu’il fallait retenir.
De la même manière, si F-Zero X et GX sont de la partie, le premier épisode se voit purement et simplement occulté. Pourtant fondateur. Celui qui ouvrira bien des portes en matière de gameplay et qui a étonné tout le monde en 1990 grâce à son effet Mode 7 inédit n’est pas obligatoire pour Tony Mott.
Pierre Desproges pourrait nous souffler son « Etonnant non ? ».
Je ne vous cacherai pas que si je suis bien aise de retrouver Monkey Island 2 ( le premier n’a jamais existé bien entendu…) ou Loom en Point & Click, difficile de ne pas avoir la moue boudeuse en constatant que ni un épisode de Leisure Suit Larry, ni Day Of The Tentacle sont mentionnés.
A quoi bon, vu que l’on parle de Army Of Two ?
Sont-ce réellement des spécialistes qui ont collaboré à la réalisation d’un tel torchon ? Comment peut on avoir l’impudence de proposer tel ouvrage ? Que les plus vieux à qui on ne la fait pas raillent ces écrits et refusent catégoriquement l’achat est une chose.
Mais que dire des plus jeunes, avides de connaissances vu que le retrogaming est devenu la mode du moment ?
Bien entendu ils vont apprendre des choses, et en ce sens l’ensemble reste riche. Mais consulteriez-vous un manuel d’Histoire avec autant d’erreurs ? On parle tout de même des 1001 jeux auxquels il faut avoir joué dans sa vie, sans quoi vous l’avez ratée.
C’est bien ce registre qui est raté. Et la caution de Marcus n’y fera rien. Il a pris son chèque, et a fait de la figuration. Marcus est-il donc un homme connaisseur et sérieux pour préfacer l’impardonnable ? René Goscinny n’aurait jamais préfacé et soutenu Marcel Gotlib si ce dernier n’avait pas eu ce talent que tout le monde reconnaît.
1001 et un jeux vidéo auxquels il faut avoir joué dans sa vie représente bien au final ce qu’est devenu ce marché en perdition. Des jeux réalisés à la va vite, des blockbusters sans saveur, une presse moribonde qui subit certes la gratuité du net mais aussi prêt d’une décennie de médiocrité.
L’acheter c’est confirmer cet état de fait. La preuve: la dernière de couverture voit les Lapins Crétins trôner. 40 ans de jeux vidéo résumé à un coup marketing dont l’enfant est de piètre qualité. Chapeaux bas. Non pas pour applaudir ; lors d’un enterrement on retire le chef pour saluer le mort.
Jibé
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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Merci pour cet article nous informant de cet ouvrage bâclé.