Devons-nous croire aveuglément la bonne parole de Yves Guillemot ? L’irréductible Breton, fort d’une entreprise puissante et dont l’essor s’est fait en un temps record, annonce fièrement et à qui veut bien l’entendre que Watch Dogs est le meilleur lancement à ce jour de la marque. Rien que ça.
L’histoire, l’expérience font qu’il faut toujours se méfier de ce type d’effets de manche. Au jeu du « c’est moi qui ai la plus grosse », nous avions vu récemment Sony et Microsoft se défier à grand coup de guerre des chiffres. Même pour la firme américaine : la XBox One fut le meilleur démarrage d’une machine.
Sauf que… Le jeu est sorti en plein mois de mai : et la période se veut nettement moins propice pour la vente de jeux que la rentrée ou, bien évidemment, que les fêtes de fin d’année. Mais Watch Dogs se veut le titre du renouveau d’un Ubisoft qui peine de plus en plus à convaincre. Les ventes accusent un net recul. La licence pourtant populaire Assassin’s Creed s’est vue moins appréciée voire largement critiquée par les ceux-ce qui pourtant ne juraient que par elle. Et que dire du devenir de Just Dance et des Lapins Crétins qui, après avoir été des produits vache à lait, ont été à ce point usés jusqu’à la moelle qu’ils intéressent bien moins ?
Rappelons qu’il y a peu, c’étaient Guitar Hero et Rock Band qui essuyaient une déconvenue sans précédent alors que portés aux nues par de nombreux joueurs.
Watch Dogs était taillé pour permettre à Ubisoft de revenir sur le devant de la scène avec une nouvelle licence et non une énième redite. Prévue initialement à la rentrée dernière, la sortie du nouveau né fut contrecarrée par GTA V. In extremis, la com’ d’Ubi s’est résumée à dire que le jeu nécessitait plus de peaufinage pour qu’il soit parfait ; mais la vérité, c’est que face au rouleau compresseur de Rockstar North, Watch Dogs n’avait que peu de chance de se retrouver en caisse.
Qui se souvient à cet effet de l’infortuné Saints Row IV qui, sorti quelques temps avant GTA V pour prendre un peu d’avance, s’est vu balayé par ce dernier ? Pas con chez Ubi, on ne va pas tenter le diable et risquer un choc frontal.
Mais les reports ne font pas bon ménage avec la finance, et Watch Dogs, The Crew ou The Division de faire plonger le titre en bourse.
La fin d’année a été chahutée : les ventes ont reculé de 19.9%. Le titre s’est vu même descendre à 9 euros dès octobre. Rien de dramatique pour autant, le marché a fléchi singulièrement. Et nombreux sont les développeurs a avoir réussi à encaisser le choc. Fort d’une excellente réputation, Ubisoft a encore de beaux jours devant lui et la bonne surprise de South Park: The Stick of Truth a pu limiter la casse. Sauf que la prise de risque n’est plus possible. Les investissements sont conséquents, et l’amortissement de plus en plus délicat à atteindre. Pour être rentable, une licence avec son coût de production doit passer par la sortie de plusieurs épisodes. Alors comment rassurer investisseurs et convaincre les joueurs, sinon en se fendant d’un communiqué détonnant ?
Technique de communication classique, même que différentes rédactions ont été approchées, à commencer par les sites de jeux vidéo qui relaient bien entendu l’information, mais aussi des sites moins spécialisés à l’image du Huffington Post. Plus épatant, iTélé l’a également mis en avant ; quant aux sites traitant de l’actualité financière avec les cotations boursières, il allait de soi que le Président se veuille tout sourire.
Dans les faits à présent, si Ubisoft connaît une embellie depuis quelques mois, reste à voir la pérennité de Watch Dogs. Gros succès ou vaste fumisterie, prix baissé dans le prochain trimestre ou nouveau porte étendard, seul l’avenir nous le dira. En attendant, reconnaissons qu’ils sont malins ces Bretons…
Jibé
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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