A tout Seigneur, tout honneur. Il sera donc de bon ton de commencer par la version originale de Streets Of Rage, appelée dans l’archipel nippon : Bare Knuckle.
Artwork simple et efficace car sans grande fioritures. On y retrouvera les protagonistes du jeu Adam, Axel et Blaze, le trio posant comme des bêtes devant la ville et ces buildings illuminés. Un décor similaire à ce que l’on peut visionner durant l’introduction.
Quelques sbires sont visibles, à l’image d’une punkette et d’un maître karateka ; deux des ennemis les plus pénibles après les boss.
En faisant plus attention, on remarquera une scène de pugilat : les trois héros aux prises avec quelques voyous.
Du classique sans surprise mais qui se veut une représentation fidèle des joutes que l’on s’adonne sur ce beat them all de Sega.
Difficile d’en dire autant de la version occidentale…
Vu que nous héritions d’une manière générale des artworks américains dans les années 90, nous avons donc eu la jaquette de la version Genesis ( La Megadrive s’appelle ainsi outre Atlantique).
Et là, c’est la grande foire au n’importe quo
Premier point d’importance, la non présence d’Adam. L’on pourrait imaginer qu’à l’époque il était malvenu de mettre en avant un personnage de couleur noire, mais dans ces conditions jamais le jeu de Boxe de Taito Final Blow aurait connu une adaptation pour l’occident mettant en scène James « Buster » Douglas, tombeur de Mike Tyson.
Si l’on veut être un tantinet fantasque avec des explications capilotractées, on pourrait affirmer qu’Adam est bien présent au second plan devant la voiture de police. En effet, il s’agit d’un homme noir, se tenant la tête comme s’il avait pris un mauvais coup. ( N’allez pas encore y voir quelque chose de raciste).
Pourtant, ce même individu est torse nu et en pantalon blanc. Aucune chance qu’il s’agisse du musculeux afro-américain vu qu’il n’a pas du tout les mêmes vêtements.
« Et alors ? » Vous dira-t-on. Blaze est-elle en combinaison blanche dans le jeu, comme semble l’attester la jaquette ? Que nenni !
La belle est en effet plus adepte de la mini jupe cuire rouge. Fantaisie du dessinateur ? A se le demander vu qu’Axel porte un marcel jaune, qu’il n’a aucunement dans le jeu. Pour se faire, il faudra attendre le navrant épisode 3 pour le voir porter telle couleur. Visionnaire en 1991 ?
Irrespect total des codes couleurs et vestimentaires initiaux, on aurait pu fermer les yeux sur ce manque de fidélité, si l’auteur ne s’était pas autorisé quelques libertés grossières.
Si l’Artwork de Bare Knuckle présente des combats, c’est carrément une guerre civile qui prend place pour Streets Of Rage. Il suffit de regarder le fond de la rue enflammée, pour voir apparaître des silhouettes armées de bâtons et autres objets contondants. Toujours plus sordide, à l’une des fenêtres de la bâtisse de droite, un homme tente de défenestrer une femme. A moins qu’il ne la viole… Un trait de folie cependant explicable par l’intro qui narre bien une chienlit sans précédent dans une ville devenue proie du gang de Mister X.
Assertion recevable, mais rencontre-t-on des hommes équipés d’armes à feu dans ces rues comme l’on peut le voir sur ce dessin ? Jamais. Et ce quidam portant un masque de hockey façon Jason Voorhes, vous ne le rencontrerez guère plus.
Et pourtant de cet effroyable spectacle d’une violence exacerbée, se cache un trait d’humour invraisemblable : L’Homme des égouts. Au premier plan, une plaque d’égouts est levée par un olibrius. Mais pour quelle raison ?
Se cache-t-il ? Non c’est impossible. Imaginez être témoin et fuir une telle barbarie, pensez-vous avoir le temps et la force nécessaires pour ouvrir un tel accès ?
A croire que cette amusante scène soit une signature de l’auteur qui décidément s’est bien moqué de nous jusqu’au bout. Et pourtant, l’ensemble est loin d’être mauvais. Mieux, il est même particulièrement bien dessiné, et s’autorise un habile clin d’œil dans la paire de chaussure d’Alex aux couleurs de Sega.
Au final, si l’Artwork occidental n’est en rien fidèle au jeu, il est toutefois d’une belle qualité et manifestement vendeur. Ce qui devait être la mission de son créateur. Peut-on lui en vouloir ?
Jibé
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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