Puisque chaque belle histoire commence avec le fameux « Il était une fois », la mienne prend son départ avec le Player One numéro 8 d’avril 91, et plus exactement à la lecture de la rubrique « L’Arcade dépasse les bornes »; rendez-vous obligatoire pour tout aficionado des salles lugubres et enfumées qui se respecte.
Un papier en particulier retiendra mon attention : Street Fighter II. Pour l’occasion, c’est le bien nommé Wonder Fra qui s’y était collé, et nous faisait part alors d’un choc qui prendra une ampleur mondiale quelques mois plus tard. Le texte accrocheur, les photos présentant des graphismes ravageurs ont eu raison de moi, l’impatience grandissant avec les semaines pour que finalement un jour, la borne de toutes mes envies soit mise à disposition par le tenancier de la salle de jeux de ma ville. Ce jour là, je compris le choc ressenti par Wonder Fra.
Si du haut de mes 14 ans, la simple évocation du nom Capcom m’inspirait le meilleur, difficile pourtant de faire confiance à la suite d’un jeu plus que moyen. Les craintes furent balayées dès la confrontation. Rarement un jeu n’a été capable d’en imposer à ce point. Des graphismes d’une rare finesse, symptomatiques du savoir faire Capcom des années 90, des musiques et des digitalisations vocales surprenantes. Rappelons que nous sommes en 1991 et que ce genre de fantaisies étaient pour l’époque extraordinaires. Enfin, la possibilité de choisir entre huit personnages distincts, achevait de convaincre le plus récalcitrant à laisser une pièce dans le monnayeur. Alors que l’on peste sur les trente-six de Marvel Vs Capcom 3, la quantité de combattants et leurs champs des possibles offraient un gameplay qualifié alors d’illimité. Comme quoi…
Mais le véritable choc se fit une fois le joystick en main. L’habitué connait bien la position des doigts, tapotant nerveusement sur les deux à trois boutons de la borne. A la différence que ce sont six boutons qui sont mis à disposition. De quoi chambouler les habitudes. Ces six boutons décomposant plusieurs types d’attaque deviennent un apprentissage rigoureux, d’autant que liés à des combinaisons de joystick, ils génèrent ces fameux coups spéciaux qui font écarquiller les yeux et pousser des « Wow » dans l’assistance.
Hadoken comme Tatsumaki Senpuu Kyaku ou Shoryuuken étaient déjà présents dans le premier Street Fighter et étonnamment, ils n’auront marqué personne.
Découvrir Street Fighter II en arcade, c’est un peu comme une première fois. On sait embrasser les filles, on sait même les peloter, mais quand il s’agit de passer aux choses plus sérieuses, on en reste pas moins un novice pardonnable. Analogie amusante car Street Fighter II a mis nos connaissances, nos façons de jouer et d’appréhender l’arcade à zéro. Intense, immédiatement addictif et qu’importe le passé fait de IK +, Yie Ar Kung Fu, ou Karate.
Street Fighter II devenait le véritable pionnier, créant le genre Vs Fighting et se voyant allègrement copié par la suite, preuve s’il en est de son empreinte aujourd’hui éternelle.
Celles et ceux qui ont connu et aimé Street Fighter II dès 1991, en parleront toujours avec cette même fascination. Obsédant à bien des titres, il faudra remercier Capcom pour l’avoir porté dès 1992 sur Super Nintendo, calmant ainsi les dépenses dans les salles, et offrant enfin la possibilité de jouir de la merveille à domicile tant la conversion était de qualité.
Vingt années plus tard, il suffit d’aller dans quelques salles de jeux l’exploitant dans une de ses dernières versions, pour se rendre compte qu’il est encore joué. Oui, Street Fighter II garde cette aura magnifique, qui même si elle apparaît comme surannée aux yeux des plus jeunes, restera à jamais d
ans les cœurs des joueuses et joueurs qui un jour de 1991, auront mis cinq à dix francs dans ce que personne n’aurait soupçonné devenir un jour, ce phénomène de société…
Jibé
About Jibé Jarraud
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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Merci, article très interessant.