Joueur invétéré, légende des rédacteurs de magazines de jeux vidéo; Cyril Drevet désormais connu pour ses interventions dans l’émission Turbo sur M6, a fait un retour remarqué sur Gameblog.fr. Après Télévisator 2 et les belles mécaniques, Cyril Drevet s’exprime sur sa passion dévorante.
Salut Cyril. Avant ton retour sur le devant de la scène sur Gameblog.fr, en compagnie d’AHL, les plus vieux te connaissent surtout par le magazine Player One. Peux tu revenir sur ce parcours dans la presse, qui t’a conduit par la suite devant les caméras de chaînes de Télévision?
Tout à commencé quand un certain Marc Andersen a créé Joystick (Hebdo à ses débuts).
Pour lancer le mag il cherchait des passionnés de jeux, et à l’époque nous n’étions pas nombreux. C’était les débuts du jeu vidéo en France. Par un ami nous avons été mis en relation, et c’est comme ça que j’ai participé au lancement de Joystick et que ma carrière de journaliste de jeu vidéo a débuté.
Mais d’où vient le pseudo » Crevette, L’Ami des petits »?
C’est Robby (Amstrad 100%, Player One, Nintendo Player…) qui m’a appelé Crevette dès la première minute ou je suis arrivé à MSE (la maison d’édition de Amstrad 100% et Player One). Je n’ai jamais réellement su pourquoi ! Et à Amstrad 100% les pseudos était à rallonge (ex : Sined le Barbare…), donc j’ai rajouté l’ami des petits car pendant la préparation du lancement de Player One j’écrivais des articles dans Amstrad 100% et notamment une rubrique sur les jouets (et aussi parce que j’étais fan de Super Mario, l’ami des petits…).
Les années Player sont certainement fondatrices du magazine papier jeux vidéo. Des souvenirs particuliers de cette époque, de cette ambiance assez unique?
Player One c’était l’équivalent Hi Tech des communautés de babacools des années 70. On passait 95% de notre temps à la rédac, on débarquait à midi et on passait la nuit à jouer et à écrire nos articles, on allait déjeuner et dîner tous ensemble au resto… Certains dormaient sous les bureaux, il y avait des tournois en permanence (selon les sorties : Bomberman, Street Fighter 2, Puzzle Bubble…) On arrêtait pas de faire des con…ries (concours de coups de boule dans les cloisons, jeux de fléchettes dans les mur tout justes repeints, expériences diverses…). Il en reste un lien indéfectible entre les anciens membres de cette rédac (Pierre, Matt, Iggy, Wonder, Chris, Robby, Ino… Et bien sur Alain Kanh le patron qui a eu l’intelligence de nous laisser faire…)
Player One a connu aussi une émission éponyme assez délirante sur MCM. On a souvenir de Elwood ( François Tarrain) grimé en Super Bitos de la Planète Vaginax par exemple. Une liberté de ton parfois irrévérencieux avec un générique rock de Faith No More qui en faisait une émission radicalement opposé à Micro Kids. Comment est né ce concept ?
En même temps que je lançais Télévisator 2, le patron d’MCM que j’avais connu car il avait bossé avec une boîte de com de Nintendo, m’a proposé de faire une émission sur MCM (qui venait de naître). Mais il n’avait que très peu de budget et moi avec Télévisator 2 je n’avais pas le temps de m’en occuper à plein temps, alors j’ai appelé mes camarades de Player One pour me fournir de l’aide et financer une partie de l’émission. Et comme le budget était riquiqui on a choisit de combler le manque de moyen par l’humour, la dérision et la liberté d’expression… On s’est tapé quelques beaux délires et on m’en parle encore régulièrement aujourd’hui !!!
MCM, puis France 2 où naquit un jour Televisator 2, émission pour la jeunesse à base de Tiny Toons, de jeux vidéo, avec là encore des génériques de rubrique rock ( Lenny Kravitz). Comment ce projet ambitieux produit par ton père est-il né ?
J’avais réalisé des rubriques Jeu vidéo pour des émissions sur France 3, à Matin Bonheur sur France 2 et sur la Cinq dans Babylone, et je trouvais que Microkids (la première émission sur le jeu en France), était pourrie. Alors j’ai eu envie de faire ma propre émission avec tous les trucs qui nous faisait délirer à Player One. Mon père en a parlé à la Mireille Chalvon, la géniale directrice de la jeunesse de France 2 de l’époque. Elle cherchait à dynamiser sa tranche et l’idée lui a plu : elle a donné le feu vert à condition (pour se rassurer) que mon père soit le producteur… J’ai embarqué quelques potes de Player One dans l’aventure (Matt, Ino, Chris, JP Astoux…) et c’est ainsi qu’en 1992 Télévisator 2 est né.
Le succès fut-il au rendez-vous?
Au début ça a été difficile, les kids n’avaient pas l’habitude de regarder France 2, Mais petit à petit c’est devenu un carton. Cela reste encore aujourd’hui l’émission jeunesse de France 2 qui a fait la plus grosse audience (on est monté jusqu’à plus de 40% de parts de marché).
Puis arrive la fin de l’émission, Televisator 2 est remplacé par Maureen Dor avec Charlie et Lulu, mais tu continues Ô étonnement chez Dorothée! Comment est-ce arrivé?
Alors que l’émission battait des records d’audience, des jeux politiques au sein de France 2 suite à l’arrivée d’un nouveau président (Jean-Pierre Elkabach), a amené la direction à supprimer Télévisator 2. L’émission qui nous remplacera plafonnera à 13 / 14% de part de marché, bien joué les mecs !!!
Pour ma part, quand j’ai senti le vent tourner, j’ai contacté Dorothée et son producteur, Jean-Luc Azoulay, pour voir si je ne pouvais pas bosser avec eux. Comme j’avais toujours été très respectueux de Dorothée dans les interviews, et eux impressionnés par les audiences que l’on avait fait avec Télévisator 2, il m’ont engagé illico pour rajeunir un peu l’équipe du Club Do… Je suis resté 10 ans chez AB Productions.
Plus tardivement ( il me semble tu me diras) , les téléspectateurs de TMC, pouvaient te voir dans une émission pour la jeunesse présentée par Billy et Isis.
– Billy avait commencé comme assistant sur le Club Dorothée, et on est devenu super pote. Alors il m’a demandé de le rejoindre sur Récrékid’s. Je lui en serait éternellement reconnaissant car à l’exception d’Isis qui nous a tous gonflé (elle se prenait pour une star), je me suis éclaté sur Récrékid’s, c’est l’un de mes meilleurs souvenir de Télévision.
Décidément, la télévision t’aime et désormais on te retrouve sur M6 dans l’émission Turbo. Finalement ton amour pour les autos et Virtua Racing ( en compétition dans Televisator 2), se verra récompensé.
En fait chez AB Productions, comme j’étais aussi fan de voiture, j’ai participé à la création de la chaîne AB Moteurs. J’y ai développé les essais de voiture en m’inspirant de Turbo que j’adorais en tant que téléspectateur, et ça m’a scotché quand sur un essai Dominique Chapatte qui avait vu ce que je faisais m’a demandé de venir le rejoindre sur Turbo.
Mais alors, la question se pose. Pourquoi ce retour dans le jeu vidéo? On sait que tu n’as jamais cessé de jouer, mais en parler te manquait?
Déjà, dans Turbo, via les jeux de voiture je n’ai pas arrêté de parler de jeux vidéo… ! La nouveautés c’est que les médias jeux vidéo comme Gameblog.fr, Pix’n Love…etc, me demandent de plus en plus de bosser pour eux. Et comme effectivement l’auto avait pris un peu trop de place par rapport au jeu, je rééquilibre un peu mes deux passions principales…
Tes avis sont suivis avec attention, et généralement tes arguments sont percutants. D’autres projets en ce sens? Un retour à l’écriture?
J’ai plusieurs propositions intéressantes en ce moment, mais par superstition je ne dévoile jamais mes projets tant que ce n’est pas sûr…
Finalement, même si tu sembles apprécier les nouvelles machines, tu sembles ne pas trop apprécier les évolutions de Gameplay : Wii mote, PS Move ou Natal.
Je trouve cela intéressant car ça ouvre le marché à des non joueurs. Donc cela fait encore plus rentrer le jeu vidéo dans les moeurses, mais à titre personnel je déteste ça. Je suis très old school, je joue au pad, et de préférence à la croix numérique. Hormis pour les FPS / TPS, je n’aime même pas le stick analogique. Car ce que j’aime avant tout dans le gameplay c’est la précision maximum.
Tu dois pouvoir contrôler un jeu au pixel près, sans le moindre temps de réponse. Car ce qui est fun dans le jeu vidéo c’est que tu te bats contre toi-même (notre temps de réaction, nos réflexes, notre intelligence…). Si la précision est au rendez-vous, quand tu fais une erreur tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même, sans pouvoir reporter la faute au gameplay… Avec une Wiimote j’ai l’impression qu’il y a quelqu’un d’autre entre ma manette et le jeu, et qu’il n’exécute que la moitié des mouvements de ma main… Ça ne me plaît pas.
Donc que penser du Tactile de la DS et du Gyroscopique de l’Iphone ou du récent Ipad !
Même réponse qu’à la question précédente.
Finalement, l’âge d’or de l’ère 16 bit est-il dernière nous de manière définitive?
Oui, car les 16bits étaient les dernières console en 2D. La 3D est bluffante visuellement, mais par la complexité de la gestion des vues, et du positionnement d’un objet dans un univers 3D, le gameplay ne sera jamais aussi précis qu’en 2D. Espérons que des éditeurs aient le courage de sortir de nouveaux jeux de plateforme et des shoot’em up en 2D avec la puissance des chips graphiques d’aujourd’hui…
On remarque que le jeu vidéo actuellement à du mal à se renouveler. Beaucoup de FPS, de violence pas toujours justifiée, de copiés collés, d’univers froid et gris. Après des mondes colorés et merveilleux tels que nous avons pu connaître de par le passé, n’est-ce pas là une régression ?
Plus le jeu vidéo avance dans le temps, plus on a forcément un sentiment de « déjà vu ». Il était facile de surprendre pendant les premiers temps de l’histoire du jeu, maintenant que l’on a défriché pas mal de styles et de domaines différends, cela devient bien plus compliqué. Mais si l’on s’en réfère à l’histoire un peu similaire du cinéma, on peut se dire qu’il y aura toujours des classiques avec des formules connues, et de temps en temps des petites merveilles comme Heavy Rain qui sortiront du lot et sauront nous surprendre.
La 3D et l’ultra réalisme sont-ils une solutions quand on voit des jeux en 2D absolument novateurs et charmants?
Le marché va fortement continuer de se diviser entre casual games et jeux pour hardcore gamers… Il y aura donc de la place pour des jeux 2D à destination des amateurs de gameplay old school.
Parlons un peu de toi à présent. A part les jeux vidéo, qu’est-ce qui te passionne? Tu vas me répondre l’automobile, mais pas que.
En fait, ma plus grosse passion c’est l’aviation (je rêvais de devenir pilote d’aéronaval), mais je n’ai pas assez de temps à y consacrer. Sinon j’ai trop de passions (le modélisme, les montres, le golf, les bateaux à moteur, la photo, les voyages…), je n’arrive pas à tout gérer tellement j’ai de passion !
Et pour conclure, Ze Player termine toujours sur des questions rapides.
A quoi as tu le plus joué?
Hormis le « solitaire » (toutes machines confondues, du PC à l’iPhone !), je dirais Gran Turismo (les Super Mario m’ont aussi bouffé énormément de temps…)
Quels jeux t’ont marqué à jamais?
Parachute (Game&Watch), Space Invaders (ATARI VCS2600), Burgertime (Intellivision), Super Mario (NES), Super Marioworld (SNES), Bomberman (NEC), Zelda A link to the Past (SNES), Tetris (GB), Street Fighter 2 (SNES), Gran Turismo 3 (PS2), PGR 3 (XBOX360), Guitar Hero III (PS3), Little Computer People (C64), R-Type (arcade), Top Players Golf (NEO GEO), Super Ghouls & Ghosts (SuperGrafX), Sega R360 (arcade), Flight Simulator (PC), et, bien sûr… Virtua Racing (arcade) !
Ta machine préférée?
D’hier : la Super NES (avec aussi un gros faible pour la NEC PC Engine). D’aujourd’hui : la PS3.
Le jeu qui va sortir et que tu veux essayer de suite?
GT5… Bon, je triche j’en met un 2ème: Shenmue 3 !
Le jeu que tu fantasmes secrètement?
Un Super Mario World 2 sur Playstation 3 !!!!!
Et pour finir,; dans l’éternel combat Amiga 500 contre Atari ST, Crevette nous dit?
A l’époque j’étais pro-Atari ST (j’ai même été vendeur Atari ST dans une boutique du boulevard Voltaire pendant mes vacances, j’avais… 15 ans !), mais aujourd’hui je dirais que les deux machines étaient aussi béton l’une que l’autre, je les adore toutes les deux (d’ailleurs j’ai toujours un Amiga 1000 et un Atari 1040ST dans ma collection !).
Ton dernier mot ?
Wii mais non !!!!
Propos recueillis par Jibé
About Jibé Jarraud
Responsable Editorial
Grand Sachem de http://ZePlayer.com I
Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com
Twitter •