Depuis que Yakuza a fait peau neuve avec l’épisode Zero , ses « reboots » Kiwami absolument dingues et sa nouvelle approche RPG avec Like A Dragon, l’on avait hâte de retrouver Takayuki Yagami, ce détective malgré lui, chassé du barreau du tribunal après de sombres histoires.
C’est en 2019 ( en France ) que l’on a fait connaissance avec l’ancien avocat en perfecto dans un jeu très inspiré de l’œuvre devenue fleuve de Toshihiro Nagoshi, dans lequel l’on a accompagné Kazuma Kiryu avant qu’il ne laisse sa place à Ichiban Kasuga, le nouveau dragon de la saga.
Ryū ga Gotoku Studio l’a bien compris ; si Yakuza évoluera manifestement vers le RPG, Judgment est la licence idéale pour perpétuer l’héritage en terme de mandales bien senties et de situations toujours plus insolites.
En ce sens, les joueurs de Yakuza depuis ses débuts se sont toujours retrouvés dans de confortables chaussons que l’on enfilera sans déplaisir en cette saison qui connaît ses premiers frimas.
Si Kamurochô ce quartier fictif si proche de Shinjuku, a toujours été le théâtre des drames et des querelles fournies, Lost Judgement nous envoie un peu plus loin, au sud de Toyo dans la ville de Yokohama.
Un dépaysement limité si l’on se base sur la quarantaine de minutes en voiture nous séparant de la capitale. Mais découvrir de nouveaux lieux fait toujours plaisir.
C’est que deux bons comparses de notre protagonistes ont choisi d’y déménager pour monter eux aussi leur agence de détectives. Un cas de harcèlement dans un lycée les oblige à appeler Yagami et son bras droit Masaharu Kaito pour les seconder dans cette affaire en premier lieu banale qui va s’avérer des plus sordide avec la découverte d’un cadavre à la décomposition avancée.
Pour les amoureux de la culture japonaise et les plus vieux qui ont connu a les séries Pause Café avec Véronique Jannot et 21 Jump Street, Lost Judgment fera écho à de lointains souvenirs télévisuels dans lesquels il fallait rapidement régler des cas estudiantins critiques.
Tokimeki Memorial sauce musclée le pari est osé mais des plus appréciable.
Ainsi l’enquête commence avec un corps enseignant méfiant, un Directeur d’établissement désemparé et quelques élèves petite frappe avec qui il faudra jouer de diplomatie ou de quelques coups mérités. Bande de petits merdeux.
Pour se fondre dans la grande bâtisse scolaire, Yagami va devoir gagner la confiance de ses occupants notamment en rejoignant en tant que référant, quelques clubs où de formidables événements vont apparaître.
Ryū ga Gotoku Studio oblige, les situations variées vont mettre le pauvre Yagami dans de bien fameuses positions plus ou moins ridicules. Une petite séance type Dance Dance Revolution au club de danse est tout à fait bienvenue.
C’est toutefois le chemin à prendre pour mener à bien l’enquête principale qui sera ponctuée de diverses d’autres au fur et à mesure des promenades dans la grande ville.
Dans tous les cas, Lost Judgement pousse le joueur à jouer les Sherlock en herbe. Il faudra tout observer, mener des filatures en infiltration et des interrogatoires à choix multiple qui permettent de gagner en expérience.
Naturellement, Yagami a une gueule qui ne revient à beaucoup de personnes. L’occasion de passer en mode beat them up si cher à la série Yakuza.
Pas de surprises, l’homme distribue les poings comme s’il s’agissait de chocolats à la période des fêtes et autant dire qu’il a la main généreuse. A noter en plus des deux styles de combat éprouvés précédemment, celui dit du Serpent qui offre de nouveaux mouvements saisissants.
Bien entendu, tout vélo, mobilier urbain et n’importe quoi qui puisse être contondant, sera une arme de premier choix pour terrasser l’importun dans des finish jouissifs. On ne change pas une équipe qui gagne.
Généreux dans son gigantisme, Lost Judgment offre une exploration chronophage qui autorise de quitter la trame principale lorsque l’envie se fait sentir. Histoire de faire des rencontres, savater quelques malfrats et dépenser ses Yens dans de nombreuses activités. Saluons l’effort fait dans les SEGA Centers qui ont enfin mis de nouvelles bornes. Et comme une Master System se trouve dans les bureaux, l’on se fera quelques sessions de jeux anciens. Le temps de se faire quelques crises de nerf sur Alex Kidd entre autres réjouissances. Nombreuses réjouissances…
Avec ce second épisode, Lost Judgement dépasse le simple statut de spin off et gagne cette maturité qui le rend indispensable. L’ intelligence de son écriture est parfaitement servie une incarnation volontaire des acteurs qui fait plaisir à écouter. J’ai comme le veux mes vieilles habitudes, joué en version japonaise et n’ai donc aucun avis à donner sur la version américaine. Mon conseil étant pour plus d’immersion de jouer dans la langue originale.
Rares sont les jeux qui offrent un tel voyage d’un réalisme confondant, le séant confortablement installé dans son fauteuil préféré. Alors prenez part à l’aventure avec pourquoi pas une insipide – mais emblématique de son pays- Kirin bien fraîche et profitez de moments que seul un jeu japonais saura vous servir sur un plateau des plus garni, capable de maintes saveurs faisant passer des rires aux larmes ou comment manier habilement l’humour et le drame.
Remarquable.
About Jibé Jarraud
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