Cela devient une habitude, assez mauvaise même vu le flot régulier de sorties de jeux Sonic jugés majoritairement agréables mais moyens quand ils ne sont pas mauvais. Exception faite cependant pour Sonic Mania qui a réussi l’improbable pari de remettre le hérisson au goût du jour en reprenant un graphisme 16 bits sous la direction de Christian Whitehead, talentueux développeur indépendant.
Suite à Lost World et le bien détestable Boom, attendions-nous véritablement un nouvel épisode 3D de la mascotte de SEGA ?
Oui ! Diront les fans aveugles qui auront toujours grand mal à critiquer une production Sonic Team et Non ! Avanceront les autres qui ne comprennent plus pourquoi la compagnie japonaise s’entête à fiche en l’air une de ses plus fameuses créations. Parmi eux des anciens joueurs amoureux de la licence qui l’avaient tant portée aux nues ce fameux mois de juin 1991. Le cas même de l’auteur de ce texte.
Sonic The Hedgehog a depuis sa fin Mega Drive, connu de grandes évolutions tout en complexifiant inutilement son univers en réponse à la famille Mario et ses protagonistes. Ainsi entre les ennemis qui deviennent alliés, une petite amie, un copain renard, la création de deux comparses pour le jeu d’arcade (aujourd’hui disparus) et de maints autres arrivés dans Chaotix appelés Shitty Friends plus les Shadow, Silver, Rouge etc, dans des histoires mal écrites, il y a de quoi se perdre comme dans ce paragraphe hommage.
A l’instar de DC Comics qui en 1985 publie Crisis On Infinite Earths pour se débarrasser d’un trop plein de super héros et redéfinir son univers, SEGA devrait s’autoriser un reset suprême.
L’on aurait imaginé que nantis de mauvais retour, souffrant d’une image de marque ternie avec les âges et à l’heure d’amende honorable auprès des joueurs, SEGA et ses équipes avaient compris de leurs erreurs .
Au lieu de ça, ils remettent le couvert avec ce Forces incohérent au possible dont on va résumer l’histoire en une sorte de menu Best Of tout aussi indigeste que ceux servis en fast-food. Une réunion d’ennemis digne du Sinister Six chez Marvel, comprenant Chaos, Eggman et les autres qui voit l’arrivée d’un nouveau belligérant à même d’asservir le monde. Fort heureusement, Sonic et ses amis se sont organisés en rébellion dans ce décorum assez gênant de guerre fortement inspiré des grands canons de la pop culture américaine.
Malheureusement, Sonic se voit captif de la terrible organisation. C’est là que le joueur intervient prêt à accepter les missions de son général Knuckles, en incarnant un avatar animalier ( et donc fortement Shitty ) que l’on choisira entre différentes races ( chien, chat, ours etc ) aux aptitudes différentes. Et si la bestiole se veut entièrement customisable au fur et à mesure de la progression grâce à de nombreux accessoires cosmétiques, elle se voit surtout pourvue d’armes. Étonnant, mais n’est-ce pas la guerre à l’extérieur ?
Les parties se font donc avec l’enrôlé, ou une figure plus connue à l’image de – ça alors ! – le Sonic Mega Drive qui fait son retour. Comme si ce n’était pas assez le foutoir.
Parlant d’alternance, les niveaux eux aussi s’appréhendent de deux manières : Ligne droite en 3D et plus classique sur un plan horizontal. Rien de nouveau sous le soleil, ce concept existe depuis fort longtemps.
Ainsi on retrouve un épisode particulièrement fainéant. Dans ses parties 3D, nous avons bel et bien à faire à un runner sur rail sans profondeur aucune, digne des plus lassants sur smartphone. On va à droite, à gauche, on saute et on joue en mode automatique quand le new Sonic enchaîne les rebonds pour des phases très courtes et trop faciles. Impressionnantes certes de par la vitesse d’exécution, mais sans plaisir de jeu et cette sensation de ne rien maîtriser.
En 2D, le jeu est plus malin mais n’offre guère plus de challenge. Pire, la Sonic Team se prend une leçon de game design par Christian Whitehead et les siens, tant Sonic Mania est autrement plus brillant et élaboré. Un constat terrible qui pourrait se muer en un procès redoutable : Les Japonais ne savent plus faire un Sonic.
Et l’on parle bien de quatre années de développement pour un résultat bien en deçà des attentes que l’on pouvait avoir vu les annonces tonitruantes. Sonic peine à se renouveler et avec le temps n’arrive plus à convaincre. Se retrouver face à Super Mario Odyssey est courageux mais le combat vain. Il est loin le temps des grandes confrontations à l’image d’un Super Mario Bros 3 arrivé tardivement en France en fin d’année 1991 face au tout nouveau Sonic The Hedgehog. Les fêtes de Noël étaient autrement plus animées.
Et pourtant, Sonic Forces n’est pas un mauvais jeu. Jamais vilain à défaut d’être franchement joli, il fait le boulot sans s’épuiser. Jouable, parfois amusant, il est de par sa facilité un cadeau idéal pour les plus jeunes qui verront un grand intérêt de modifier à l’envi le petit avatar qu’ils auront créé.
Proposé à un prix compétitif, il peut même être une curiosité vu qu’il se parcoure sans déplaisir.
Toutefois, la question pour SEGA de continuer dans ce sens va se poser. Trop d’épisodes dans un laps de temps trop court sont sortis et Sonic qui n’a pas eu l’occasion de fêter dignement ses vingt-cinq printemps l’an passé, méritait bien mieux. En l’état Sonic Generations était autrement plus pertinent pour ses vingt.
Sonic Forces devient malgré lui l’épisode de trop, celui qui corrige Sonic Boom mais qui est incapable de motiver les foules. On préférera certainement l’oublier pour se consacrer à Sonic Mania, seul épisode valable depuis des années et peut-être même pour certains depuis Sonic 3 & Knuckles tant le schisme entre les joueurs s’est fait depuis l’épisode Dreamcast.
Le développement étant, SEGA avait-il un autre choix que de le sortir ? La chose étant faite, je me plais à croire que le succès de l’épisode Mania est le Crisis tant attendu et que – souhaitons le – Sonic nous revienne d’ici quelques longues années débarrassé de son lourd passé qui n’était qu’un mauvais rêve.
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