A sa sortie en 2005, Yakuza a été apprécié de diverses manières. D’abord par ceux qui voyaient dans le titre de Toshihiro Nagoshi la réponse japonaise à Gran Theft Auto qui depuis les épisodes Vice City et surtout San Andreas, trustait allègrement les premières places des ventes mondiales de jeux vidéo.
Mais surtout de manière intéressée par les amoureux de Shenmue qui soudainement abandonnés depuis 2001, voyaient dans les tribulations de Kazuma Kiryu l’héritage SEGA période Yu Suzki ; ou comment reprendre sa dose nécessaire de Japon alors que le manque se faisait sentir.
En l’état, Yakuza n’est ni GTA, ni Shenmue bien qu’il en reprenne de manière intelligente quelques éléments tout en les saupoudrant de Spike Out ( également de T.Nagoshi), ce Beat Them Up ravageur sorti initialement en arcade puis sur Xbox.
Un mix des genres bien musclé sur fond de trahison et autres réjouissances des plus surprenantes que l’on retrouve dans une version améliorée sur PS4.
Kazuma Kiryu est un Yakuza fier et fidèle, répondant au code de l’honneur. Sa volonté, va pourtant le conduire directement à la case prison, alors qu’il endosse le meurtre commis par Akira Nishikiyama en 1995, son ami d’enfance qui a abattu un des leurs qui tentait de violer Yumi leur » soeur » avec qui ils ont grandi à l’orphelinat.
Dix années sont passées ; sa peine purgée, Kiryu sort enfin de sa geôle pour retrouver son ancien quartier Kamurochô et les siens. Mais durant une période aussi longue les choses ont changé comme un Nishikiyama méconnaissable qui a su évoluer au sein de l’organisation criminelle. Problème de succession, jalousie, disparition de Yumi, le clan Tôjô est ébranlé et voit son ancien protégé mêlé à bien des situations rocambolesques à l’instar de la protection de la petite Haruka qui a perdu sa mère.
Ambiance, ambiance…
Retourner dans les rues de Kamurochô se fait avec plaisir. Le quartier noctambule fort inspiré de celui de Kabukicho à Tokyo, regorge d’une faune formidable, faite de salary men éméchés, de loubards agressifs, et de nombreuses distractions qui ponctuent la promenade. Souvent l’on sera pris à partie par de sinistres individus qu’il ne faudra pas hésiter à rosser dans un déluge de coups largement exagérés. Des raclées obligatoires pour que le héros fasse évoluer ses compétences.
Ces nuits chaudes deviennent le décorum idéal pour permettre la mise en condition du joueur. Entre les différentes missions, et le dénouement de l’intrigue particulièrement bien écrite, le jeu regorge d’événements bien sentis et d’une galerie de personnages caricaturaux qui donnent une saveur véritable à l’ensemble. Habile, Yakuza Kiwami sait faire des liens pertinents avec l’épisode Zero et propulse notamment Goro Majima dans un rôle titre récurrent dans le mode » Majima Anywhere » qui lui permet de provoquer Kiryu à tout moment.
Riche dans sa proposition faite de maints endroits interlopes, de mini jeux, de bar à hôtesses, assumant son second degré tout en conservant une trame parfois dramatique, Yakuza Kiwami est une expérience rafraîchissante bien en marge des productions occidentales. Une plongée dans un Japon particulièrement bien retranscrit qui sera facilitée par un doublage japonais ( bien que non sous titré français ). Yakuza Kiwami se veut généreux même s’il ne plaira pas à tout le monde, mais qui se veut une étape supplémentaire à la découverte des délices nippons pour les non initiés.
Incomparable dans son offre, grandiloquent et furieusement déconnant tout en sachant conserver cette propension au sérieux, la saga Yakuza se doit d’être jouée. La possibilité de commencer par le Zero récemment sorti est une formidable opportunité pour passer par la suite à ce Kiwami qui ouvre les vraies hostilités et à bas prix et qui profite d’une technique autrement supérieure à son support de base PlayStation 2 décidément dépassé.
En attendant un hypothétique Kiwami 2 et possiblement les sorties remastérisées des épisodes suivants en jusqu’à la version occidentale du 6, cet épisode est un must à parcourir comme à refaire pour les habitués. Une fois approché, il est difficile de se passer de cette crapule au grand cœur qu’est Kazuma Kiryu.
About Jibé Jarraud
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