Dracula X ne mérite pas son prix !

Avant propos : Pour faciliter la compréhension, seul Dracula X Pc Engine sera appelé Dracula. Pour les autres jeux je parlerai de Castlevania.

Il m’arrive de temps à autres, d’errer sur les pages d’ebay pour regarder le prix des jeux dits de collection.

 
Cette pratique me sert surtout à mettre une valeur sur mes propres biens; façon comme une autre de se donner de l’importance dans cette société consumériste. Oui par le produit, je l’avoue c’est honteux…

Mais bon, qu’importe, scruter les sommes indécentes de soit-disantes raretés, m’a toujours amusé, surtout que pour certaines, le prix est loin d’être justifié.

Et comme je suis homme à chercher querelles, je me suis dis que l’un des jeux les plus prisé ne méritait pas son statut, de mythe absolu. Hoooou le lourd pavé que je viens de jeter dans cette marre de fans aveuglés par l’aura de Dracula X Chi No Rondo sur Pc Engine CD-Rom. Et de ce sujet, je voulais traiter il y a des années.

  Mais avant de me faire houspiller, lapider par la vindicte populaire, je tiens à préciser que pour légitimer mes propos, j’ai ressorti ma Pc Engine et le jeu pour ne pas me baser sur de vieux souvenirs. Cette méthode je la tiens du Docteur Lakav, qui vous dira que notre mémoire est une vile traitresse.


S’attaquer au sacro-saint des saints c’est une chose. Lui reconnaître ses évidentes qualités une autre, et c’est me concernant le cas. Alors séchez vos yeux larmoyants, je ne l’ai pas encore pourfendu de cette rage que l’on me connaît. Dracula X est donc un jeu de légende si on en croit les croyances du rétrogaming.

Certes, mais quelles sont les raisons d’un tel engouement? Si l’épisode Pc Engine est aussi courtisé, c’est bien pour son support justement. La Pc Engine reste une machine des plus exotique, vu qu’elle a été importée sous nos latitudes par le biais de la société Sodipeng, avec ses petits moyens, sans localisation officielle. Véritable symbole d’un âge d’or de l’import. De plus, retrouver un Castlevania sur CD-Rom a de quoi attirer les yeux concupiscents, surtout après un épisode Super Nes extraordinaire.

  Dracula X pose les bases mêmes de ce que seront les prochains Castlevania. Le héros n’est plus Simon Belmont, mais Richter, descendant de la lignée des vampires slayers. Ce changement, va apporter un lot de nouveautés certaines, à commencer par les sprites des personnages, qui resteront utilisés pour les épisodes suivants. De plus le rôle de La Mort ( ou Death) se voit mis en avant, alors que cette dernière course Richter de manière saisissante dans le prologue. Enfin, le principe même des niveaux à ramifications multiples déjà éprouvé dans Castlevania III Dracula’s Curse, prend ici une toute autre importance vu que les chemins parallèles sont à trouver et non proposés. Une approche de ce que sera Dracula X Symphony of the Night. Quant aux invocations de Richter, elles donne un plus incomparable esthétiquement parlant, vu que le héros flotte dans les airs bras écartés, à l’instar d’un super sayan en pleine furie. 

  Forcément, le jeu innove dans son concept et se paye le luxe de musiques sublimes, tant par la composition, que le rendu sonore exploitant pleinement le support CD. De quoi plonger celui qui s’y essaye dans une ambiance sans pareil. Pour toutes ces petites choses, Dracula X reste dans les mémoires et à raison. Pourtant…

  Difficile de crier au génie après le sompteux quatrième épisode sorti chez Nintendo. En effet, Dracula X renifle le remake retrogaming avant même que la mode n’arrive 15 ans plus tard. Doit-on alors s’émerveiller de voir qu’il est calqué sur les opus Nes, dont il en emprunte la jouabilité et le principe?
Une véritable régression, alors que la version Super Nes permettait bien plus de possibilité en matière de fouet; ce dernier pouvant se manier dans toutes les directions avec Simon. Richter lui, ne peut que l’utiliser à l’ancienne mode, à savoir de face. Un retour aux sources un tantinet pénible quand on a connu le confort, même si Richter offre le salto arrière comme nouveau mouvement. Mais il y a plus gênant, c’est le classique proposé.

Alors que sur Super Nes il était facile de s’extasier sur la variété des décors et de leurs constructions, le schéma de Dracula X est des plus basique, sinon conventionnel. Pas de surprises réelles, pas de magie, et surtout pas cette ambiance triste et magnifique que seul Super Castlevania IV sait offrir. Les défenseurs bavent devant les écrans de Dracula X alors qu’ils restent largement en deçà de la richesse offerte dans l’épisode Super Nes. En vérité ils manquent singulièrement d’originalité ( excepté la descente en radeau sur les rapides ) et on note un déficit de la profondeur. Qu’on ne me fasse pas le procès du vieux blasé, je le trouvais déjà à l’époque, surtout quand l’épisode Megadrive est paru, avec des décors bien plus originaux.

Si le comparatif se fait avec la Super Nes, il ne faut pas pour autant que l’on me parle pas de différence de puissance, tant on sait qu’une petite Nec couplée à son lecteur CD est capable de faire des merveilles. Et là le bât blesse. C’est à se demander si Konami n’a pas fait en sorte d’aller à directement à l’essentiel. Preuve en est, les dessins animés. Caractéristiques des jeux Pc Engine CD, ils sont grandement appréciés, même aujourd’hui vu qu’il ne s’agit pas de vidéo mais bien d’animations graphiques. Concernant Dracula X c’est clairement ce que l’on appelle trivialement  du foutage de gueule. En guise de réjouissances animées, on a droit à des images souvent fixes, au chara design kitschissime. Du dessin fait à la va vite, limite vilain. Il suffit de voir le faciès de ce pauvre Dracula, pour esquisser un sourire avant de pouffer de rire devant son écran.

 

  Au bout du compte, ( et pas du comte), les nombreux écueils dont souffrent Dracula X n’en font pas pour autant un mauvais jeu, bien au contraire. Toutefois il ne mérite pas les cent euros vous séparant de sa propriété. Cent euros c’est une somme en effet, souvent justifiée par sa rareté. Rare ? Alors que le jeu se voit régulièrement mis en vente sur les nombreux sites d’occasion? Je m’esclaffe. L’acheter pour dire  » Moi je l’ai je suis trop fier » serait toutefois imbécile, vu qu’encore une fois le jeu reste un bon divertissement. Quitte à se saigner pour se l’offrir autant y jouer. Mais grand dieu, il serait temps de cesser une fois pour toute de porter ce titre aux nus. Oui c’est un bon Castlevania, oui il est sur une des machines les plus sexy qui soit, mais non il n’est pas le meilleur des épisodes classiques. Et c’est un fan de la série et de la PC Engine qui vous le dit.

Ce qui est critiquable, ce n’est pas le jeu en lui même, mais bien le culte qui lui est voué. Religieusement aimé, on remarque que ses fidèles sont souvent de jeunes joueurs en mal d’une nostalgie qu’ils ne peuvent que difficilement d’éprouver. Ces mêmes qui croient que Radiant Silver Gun est le meilleur shoot du monde, non pas parce qu’il est formidable, mais parce qu’il a été développé par Treasure.  Cet aspect du rétrogaming fait du mal à la communauté, car elle fausse nécessairement la donne.

Dracula X ne mérite pas que l’on se mette en génuflexion les bras en croix devant lui, quand un épisode Super Nes plus ancien et autrement plus séduisant existe. Et pour celles et ceux qui en douteraient, je vous recommande de vous essayer de nouveau à Castlevania IV sur Super Nes, et vous verrez la différence de soin que Konami a pu apporter dans cet épisode.

  Parole de Jibé, que vous pouvez traiter de vieil atrabilaire.

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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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