Il ne me semble pas l’avoir évoqué dans les colonnes de ce site, mais je n’ai jamais apprécié les aventures de Sonic en 3D.
Possiblement dans des podcasts ( Super Retro Mega X sur Radio Kawa avec l’ami Dr Lakav) et dans quelques émissions Youtube quand je suis invité ; notamment et régulièrement chez Retro Polo.
La raison est toute simple : Sonic en 3D n’est pas compatible avec ce que j’attends en main. Et quand bien même mes yeux émerveillés lors de sa découverte japonaise en 1998 sur Dreamcast, ces tribulations modernes et magnifiques de prime abord n’ont pas su séduire le jeune homme de vingt et un ans que j’étais.
Il en est de ces séries qui n’arrivent pas à transformer l’essai du passage ( obligatoire? ) de la 2D à la 3D. Castlevania en est un autre exemple, quand Mario a défini un genre et Zelda l’a magnifié.
D’autres plus malins ont jugé bon d’apporter une alternative cohérente et la série Ghosts’n Goblins de devenir Maximo le temps de deux épisodes PS2 tout à fait efficaces.
Sonic en 3D m’a toujours ennuyé pour ses contrôles peu précis et ses zones de jeux limitées quand il ne s’agit pas de n’être que le spectateur de sa course. S’il est vrai que cet aspect est aussi la marque de fabrique, je la tolère et la comprends sur Mega Drive et la déteste en 3D.
De fait, peu d’épisodes ont pu me plaire. Allez, j’avoue un certain plaisir à avoir terminé Sonic Colours et Generations. Ce qui reste maigre au regard du nombre de titres sortis.
Pour autant, j’ai toujours eu le regard curieux s’agissant du hérisson, même si mon avis est souvent le même à l’instar du malheureux Sonic Forces, testé ici même.
Et puis les années sont passées. SEGA annonce un Sonic en monde ouvert révolutionnaire. Le trailer mystérieux dans un premier temps, le jeu se dévoile non sans la consternation générale.
Peu joli, vide, robots hideux et rails jetés dans des décors sans personnalité, les premières vidéos dans lesquelles l’on voit la bestiole bleue donner des coups de pieds et envoyer des boules d’énergie, laissent craindre le pire, qui sera confirmé dans de nombreux tests avec plus ou moins de véhémence.
Prix bradé en quelques semaines, je me suis donc décidé à tendre la main à l’infortuné sur les conseils d’un ami qui me dit » Ben il se passe quelque chose quand même avec le hérisson ».
Force est de constater une fois lancé dans la console : Sonic Frontiers est le Sonic que j’espérais quelque part secrètement.
Mais il a fallu que m’y consacre quelques heures pour que la formule m’accroche.
Perdu dans de grands environnements, Sonic a pour lui une aire de jeu jamais vue auparavant. Ce qui lui permet de folles courses, surtout une fois le boost enclenché. Cela va vite, sans limite et de fait sans frustration.
Agréable en mains, il se contrôle facilement, part dans tous les sens dans un dynamisme bienvenu avec cette sensation grisante de pouvoir visiter mille lieux en un temps record.
Et c’est rapidement que l’on comprend le contexte. L’on va faire l’impasse sur le scénario pas bien intéressant pour se consacrer à la proposition d’aventure avec un grand A. Car ce Sonic a des allures de Breath Of The Wild.
Surprenant.
Première impression forte : La tristesse.
Fini les couleurs chatoyantes, les musiques amusantes. Tout semble terne. La pluie accompagnée d’une légère mélodie achève de convaincre que ce cet épisode se veut plus mature, comme si l’adolescence des années 90 venait de fermer son livre.
Cela rappelle Shadow Of The Colossus, ou Nier Automata lorsque quelques ennemis qui semblent eux aussi abandonnés apparaissent. Les règles ne sont plus les mêmes, que faire dans tel no man’s land.
Et bien fouiller ! Et pour le coup Sonic Frontiers est fécond de missions, de petites surprises éparses. Généreux dans ce grand rien, il surprend et l’on s’amuse à glisser sur ces rails posés au hasard qui prennent soudainement tout leur sens et à rebondir sur les bumpers.
Sonic va vite, peut courir sur les murs à 90 degrés et s’offre une verticalité saisissante alors que l’on se retrouve juché au plus haut d’un édifice.
Link ne renierait pas cette liberté.
Plus on découvre, plus la cartographie se fait et s’étend. Oui Breath Of The Wild est passé par là.
Et c’est avide d’en savoir plus, de faire le touriste de l’extrême que les heures passent sans jamais être fardeau même si l’on fera de mauvaises rencontres.
Pour s’en défaire, Sonic pourra bien entendu se mettre en boule mais aussi être plus brutal en assénant des coups bien sentis. Ce que je craignais assez raté est en réalité plutôt excitant. Quel plaisir de coller des raclées et d’user de boules d’énergie. Tout se fait naturellement, sans forcer à l’image du piège tendu lorsqu’il s’agit d’entourer quelques ennemis dans une trainée bleue du plus bel effet.
Parfois, certains se montrent plus vindicatifs et pris d’un gigantisme bienvenu. Il ne s’agit pas là de boss mais d’adversaires supplémentaires. Shadow Of The Colossus et Nier Atomata ; j’insiste.
La référence va même à proposer une sorte d’Evangelion. Chouette.
Japonais ? Assurément et assumé. Et cette concrétisation de se faire dans les stages plus classiques façon runner qui se parcourront une fois quelques portes ouvertes.
Là, plus de surprise. L’on retrouve ce que l’on a aimé dans Colours et Generations. De la course endiablée qui alterne les phases 3D-2D en un clin d’œil, dans une débauche de couleurs et de musiques pop qui chantent à tue tête.
Une cassure franche et rassurante, totalement arcade pour quelques minutes d’adrénaline, avant de reprendre le cours des choses nettement moins trépidant, mais tout à fait palpitant.
Culotté mais réjouissant, Sonic Frontiers fait office d’essai, d’une Beta de luxe.
Car tout n’est pas rose dans la dernière production de la Sonic Team.
Si l’on sent une volonté des développeurs de sortir Sonic de son marasme, l’on peut pester sur quelques points.
D’abord technique. Si le jeu n’est pas vilain dans ses phases monde ouvert, difficile de rester de marbres devant un clipping permanent. Et je parle d’une version Xbox Series X . Je n’ose imaginer le résultat sur Switch.
Le monde ouvert est agréable à parcourir, offre de multiples activités, mais bon sang de bois ( il faut user de vielles expressions de temps en temps ) qu’il est pauvre et sans vie. Commencer dans un Green Hill aussi gigantesque était autrement plus pertinent, pluôt que cette sinistrose qui peut envahir le joueur. Et si la lumière vient alors des combats percutants, le challenge et la répétition des actions ne suffisent pas à combler ce qui pourra s’avérer déception pour nombre d’entre nous. Et ce n’est pas le côté RPG évolution de Sonic qui saura convaincre ceux qui ne voudront pas aller plus loin dans l’aventure.
Et là j’ose le dire : Quel dommage !
Car s’il est pétri de défauts, Sonic Frontiers est aussi un vent de fraîcheur véritable. Les joueurs les plus vieux qui ont toujours préféré Sonic en 2D, pourraient bien avoir cette épiphanie tant souhaitée en lui donnant sa chance.
Sonic Frontiers mérite plus que du dédain et quand bien même les avis catastrophiques ( et possiblement légitimes ), il cache une générosité, une volonté de prise de risques telle, qu’il se salue.
La Sonic Team a en ses mains un gros caillou à tailler, à façonner des heures durant pour obtenir cette émeraude caratéristique à la série que l’on souhaite ardamment pour un prochain épisode.
Il faut bien un « chaos » pour que tout recommence…
About Jibé Jarraud
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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