En 2015, le développeur Supermassive Games se permettait de piétiner les plates-bandes de David Cage, l’autoproclamé grand sauveur du jeu vidéo grâce à ses productions extraordinaires selon les dires de l’intéressé.
Ainsi nous arrivait Until Dawn, ce jeu interactif sur fond de slasher movie pour ados en manque de sensation ;aussi creux dans sa narration qu’inexistant dans son gameplay. Une expérience particulièrement nanardesque sans aboutissement sinon graphique, vu qu’elle– et il faut le souligner – bénéficie d’un soin visuel tout à fait saisissant.
Et à l’instar de Quanticdream, le studio anglais nous propose une nouvelle copie de son art avec les promesses usuelles pour ce genre de titre : Un scénario prenant, des personnages attachants, des rebondissements épatants. Mais bien sûr…
Plutôt que de rentrer dans le fond de l’intrigue, l’on va résumer la chose par la dichotomie entre les deux héroïnes, impliquées dans une enquête sordide où un tueur un brun psychopathe aux rituels caractéristiques, s’en prend à bien des victimes. Ambiance…
L’une Becky Marney, est une policière volontaire et appliquée mais qui par son comportement, se voit surveillée par la police des polices. Tandis que Felicity Graves est la digne Procureure exigeante et du genre tatillon un poil enflammée.
Duo classique au final qui malgré leurs différences devra collaborer pour le bien de la mission.
Les autres personnages de l’histoire sont tout aussi téléphonés. Un partenaire flic un peu léger, un juge affable, moralisateur mais au caractère bonhomme et l’inévitable légiste à la couleur toujours particulière.
D’un classicisme confondant, les rôles manquent clairement d’épaisseur mais savent être efficaces pour la maigre aventure proposée. Après, que demande-t-on à un téléfilm qui se conclut en quelques heures.
En effet, Hidden Agenda est tout sauf un jeu vidéo. On pensait avoir tout vu en la matière que Supermassive Games pousse le non jeu à son paroxysme vu qu’il s’affranchit de manettes. Ainsi il est demandé d’utiliser un périphérique tactile de type smartphone ou tablette. Tout se passe donc via l’interface de l’écran, vu qu’il s’agit là de ce fameux Hidden Agenda qui sert à glaner les indices et les différents profils des protagonistes rencontrés. Par la même occasion, cela facilite la partie à plusieurs selon le concept PlayLink initié avec le bien laborieux Qui es-tu ?.
Généreux, Hidden Agenda s’offre jusqu’à six joueurs qui deviendront de fins limiers en herbe, à moins que…
Oublions immédiatement le mode coopératif décidément sans intérêt, pour s’investir dans le mode rivalité. Dans celui-ci, le règne du chacun pour soi l’emporte, où tout est possible pour gagner des points et ainsi gagner la partie. Intéressant sur le principe, sauf que Hidden Agenda limite sa pratique à la simple diffusion d’une intrigue pour donner le rôle de jurés aux participants. De fait, personne n’incarne un quidam à l’écran et chacun se contentera de donner son avis sur une décision cruciale, la majorité l’emportant. Ce qui peut aboutir à quelques empoignades et franches engueulades qui retombent au final assez rapidement.
De temps en temps, Hidden Agenda se veut piment et offre de manière aléatoire, la possibilité d’une intention cachée à l’un des compagnons de soirée, qui devra alors suivre des directives transmises de directement sur son téléphone et ainsi orienter le fil de l’histoire. Probablement le seul moment où l’on a l’impression d’incarner l’un des personnages.
En fonction de la progression et des points engrangés, les joueurs pourront obtenir des jokers qui feront foi lors d’une décision à prendre pour prendre l’ascendance sur celles de ses petits camarades.
Si ces ajouts confèrent une atmosphère de compétition bienvenue, difficile pour autant de s’investir. Le film se déroule, l’unanimité l’emporte quant à son devenir et se rate sur l’implication des spectateurs.
Au fur et à mesure, il devient lassant voire agaçant de ne pas se sentir maître de son aventure. Imaginez un ami qui décide des enchaînements des événements d’un thriller en en devenant réalisateur. Plus frustrant quand il s’agit d’une question de choix qui ne sont respectés que de manière aléatoire.
A ce compte, autant regarder une partie d’Hidden Agenda en streaming.
Avec la fonction PlayLink, il avait la possibilité de se rendre plaisant. Dommage, il devient plus agréable à faire seul. Même si son scénario est assez bidon et les différents rebondissements convenus, Hidden Agenda reste plutôt correct pour passer un bon moment grâce à son prix décent et une réalisation solide.
Avec plus de travail, et une réelle volonté de jeu de rôle, Supermassive Games aurait pu faire mouche. Il n’en restera qu’une expérience interactive de plus oubliable et dispensable.
About Jibé Jarraud
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