Night Trap : Pour un dernier hommage à Dana Plato

Night Trap revient quelques vingt-cinq années plus tard dans une version HD et tente sa réhabilitation auprès des joueurs les plus vieux qui l’ont soit moqué ou au contraire voué un véritable culte. Doit-on de nouveau tendre la main à la pauvre Dana Plato?

Ah Dana Plato… Actrice qui connut son heure de gloire fin 70, début 80 en incarnant à l’écran Virginia, fille du richissime Phillip Drummond dans la série Arnold et Willy. Une icône des après-midi qui se voit pourtant déchue par la suite. Destin tragique, sa traversée du désert faite de drogue, d’alcool et de braquages aura quelques embellies, d’abord en posant pour Playboy pour un retour à l’écran dans des productions de séries B. Sordide vous dites?

Jusqu’à un rôle titre dans un jeu vidéo qui n’hésite pas à reprendre les codes du nanar : Night Trap sur Mega-CD en 1992.

Taillé sur mesure avant son suicide en  1999…

Night Trap est en quelque sorte une évolution logique des dessins animés interactifs des salles de jeux, dont les fiers représentants sont Dragon’s Lair, Road Blaster FX ou Time Gal. Jugés très limités dans leurs déroulements, il est donc décidé support CD oblige, de transformer l’essai avec des films un peu plus  » jouables  » et des acteurs.

Alors que la 3D n’en était qu’à ses balbutiements, l’arrivée d’une telle technologie impressionnait et réussissait le temps de parties, à camoufler un vide ludique patent. Qu’importe, le Mega-CD puis la 3DO ont largement profité de ce type de softwares avec des titres aussi emblématiques que Sewer Shark, Prize Fighter, quand il ne s’agissait pas de camper un réalisateur de vidéo clips avec la série des  Make My Video. C’est que j’en ai fait du MTV avec INXS et Kriss Kross !

Mais Night Trap avait un parfum de scandale, d’interdit. Provoquant l’ire de Sénateurs aux Etats-Unis qui n’hésitaient pas à le mettre au pilori, il a pu bénéficier d’une bonne promotion le rendant objet de curiosité. Tout ça pour une obscure histoire de pyjama party qui va mal tourner avec l’incursion dans la maison familiale de vampires ninjas assez modernes… L’opprobre est jeté sur la réalisation de Digital Pictures qui est jugée gore et érotique. Une demoiselle en nuisette attaquée par des suceurs de sang et…

Ce qui fait sensation est plus le côté voyeur, le joueur devenant une sorte de peeping tom vu qu’il a accès à plusieurs caméras installées dans la demeure. Le but de Night Trap est donc de surveiller en tant qu’agent du S.C.A.T. (Sega Control Attack Team) la soirée où de jeunes filles en fleur s’amusent innocemment à causer de leurs émois, tout en déclenchant des pièges à la manière de Kevin McCallister dans le film Maman J’ai Raté l’Avion pour coincer les odieux .

Et c’est à peu près tout. Night Trap n’offre que peu d’intérêt, mais a su – pour les adolescents masculins de l’époque – être synonyme de quelques menues sensations. Ouuuh que c’est osé! Risible.

Aujourd’hui, sa ressortie se doit d’être appréciée comme une chance de replonger dans une époque que les quarantenaires connaissent fort bien. S’il est nanar assumé, on ne peut occulter ses influences largement piochées chez John Hugues qui avait réalisé les forts sympathiques Seize Bougies Pour Sam (Sixteen Candles) ou Une Créature de Rêve ( Weird Science), particulièrement caractéristiques.

Night Trap transpire Sauvés Par Le Gong, Parker Lewis et tant d’autres pour devenir un plutôt chouette témoignage des 90’s.  Revivre ce petit frisson plaisir coupable  surtout à un prix plus qu’acceptable, est recommandé pour les contemporains de cette époque.

Il ne faut jamais refuser une madeleine de Proust.

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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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