Suite au décès de son Président, Nintendo doit trouver un successeur dans les mois à venir pour continuer les projets lancés et surtout rassurer actionnaires et partenaires. Sans jouer les devins de comptoir, il y a pourtant de grandes chances que celui-ci soit moins dans la dérision que le regretté patron. L’ombre Yamauchi de planer? On y reviendra d’ici quelques temps.
Mais imaginons que pour honorer la mémoire du défunt et l’orientation de communication déjà engagée, une figure emblématique du jeu vidéo fasse son retour pour prendre la relève. Nous sommes bien entendu dans une fantaisie, et pourtant avant Iwata, un autre haut responsable n’a pas hésité à se moquer de lui-même. C’était en 1998 chez SEGA : Hidezaku Yukawa.
Parfaitement inconnu en occident sauf par les amateurs d’import, Yukawa – alors Directeur Général de SEGA Japon – se voit confier le rôle de commercial pour promotionner la toute nouvelle Dreamcast par la volonté de son Président Soichi Irimajiri. La firme n’a pas le choix, l’exercice fiscal de 1997 est catastrophique, il faut mettre les bouchées doubles.
Marquer les esprits, faire de SEGA une marque plus moderne, plus amusante. Le personnage de Segata Sanchirô, avait été créé pour des spots publicitaires forts délirants. Très bien accueillis, la Saturn a pu grâce à eux s’attirer quelques dernières faveurs.
L’idée est bonne et sera donc reprise pour lancer la Dreamcast.
La hiérarchie de l’entreprise japonaise est complexe et particulièrement exigeante. Difficile d’imaginer un seul instant un grand Directeur, se mettre en scène comme savent si bien le faire les américains, à l’image de Steve Jobs et Bill Gates à la même époque. Casser les codes, dépasser les frontières, Hidezaku Yukawa que personne ne connaît, devient la figure de proue de la marque et de sa nouvelle console.
Ainsi apparaissent une série de spots tout à fait invraisemblables, dans lesquels le pauvre homme se fait malmener dans ses cauchemars par des enfants qui crachent ouvertement sur SEGA prétextant la supériorité de la Playstation, se ridiculise ici et là dans des situations cocasses, et termine l’un d’entre eux par ce fameux « YES! », synonyme de bonnes ventes pour la Dreamcast.
Un décalage total qui sera assumé jusqu’au bout, vu que c’est bien le visage de ce héros malgré lui qui figure sur les premières boites Dreamcast. Du jamais vu.
Yukawa le salary man étriqué un peu austère, accède au statut d’icone pop incontournable.
Toujours plus étonnant, il se montre dans deux jeux. YUKAWA Moto Senmu no Otakara Sagashi est largement dispensable. C’est surtout dans What’s Shenmue, la preview du jeu éponyme qu’il joue un rôle important. Il y rencontre Ryo Hazuki parti à sa recherche. Le final de cet épisode court lancera la saga.
Au Japon, l’impact de Yukawa est fort. SEGA n’hésite pas à en faire du merchandising avec des cartes téléphoniques et bien d’autres objets.
Ces dernières années, Nintendo et ses responsables se démarquent de leurs concurrents, en passant par de gentilles pitreries lors des Nintendo Direct. On ne peut s’empêcher de penser aux campagnes de SEGA. Sans un Yukawa prompt à une forme de déconne contrôlée, aurions-nous eu un Iwata décomplexé?
Alors amusons nous à imaginer l’individu ( avant tout Directeur et non acteur), reprendre là où il s’est arrêté tout en continuant dans la brèche qu’il a ouverte et où Satoru Iwata, Shigeru Miyamoto et Reggie Fils-Aimé se sont glissés.
Un ancien Directeur de chez SEGA de cette trempe à la tête de Nintendo, avouez que la boucle serait joliment bouclée.
About Jibé Jarraud
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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