Il était une fois un éden, un temple sacré où venaient se masser nombre de joueurs en différents endroits. On les appelait salles de jeux.
Que sont-elles devenues ces réjouissances de mon enfance, de mon adolescence? Ces lieux jugés interlopes, regroupant d’étranges individus; bestiaire de joueurs et de racketteurs qui quand ils n’appuyaient pas sur le bouton deuxième joueur pour s’offrir une partie prenaient parfois aux plus jeunes leurs économies.
Endroits bruyants, souvent « poicreux tout plein de poicre » ( Orange Mécanique ) et enfumés dans lesquels on s’adonnait à mille plaisirs. Des jeux par dizaine qu’ils soient sous forme de borne d’arcade, de Bayfoot ou de flippers.
S’assainissant avec le temps, les salles de jeux devenaient le chantre du nec plus ultra de la technologie vidéoludique, ou comment faire passer sa console de jeux pour un objet obsolète.
Des graphismes toujours plus riches, des noms à jamais éternels et cette sensation réelle de puissance. Plus qu’un espace de loisir, les salles de jeux offraient ce qu’il y avait de mieux; une différence marquée avec le home gaming. D’abord par les massives bornes puis par des simulateurs, toujours plus impressionnants au plaisir immédiat. L’arcade, sa philosophie celle du challenge court mais intense et de la sensation instantanée.
Onanisme alors que l’on branle violemment les joysticks en appuyant des boutons, pour voir ses yeux s’écarquiller d’une certaine satisfaction. Rarement le jeu vidéo n’a été à ce point phallique.
Des couleurs, des sons, une abondance telle qu’il faut parler de générosité. Ces flippers extraordinaires, aux lumières hypnotiques, au gameplay sans pareil. L’homme contre la machine, le combat du dépassement de soi. Puis vint l’ère 32 bits et les jeux en 3D. En premier lieu dans les salles, la technologie se voit rapidement portée dans les foyers via Playstation et Saturn.
L’arcade à domicile devenait enfin accessible et les jeux 2D malgré leur charme évident, se voyaient délaissés. La France n’ayant pas la tradition du VS fighting ou du scoring comme au japon voit ses salles se vider et les bornes remplacées par des simulateurs qui restent le seul contraste avec un système de jeu de salon. Capcom évolue, SNK périclite. Les flippers ne sont plus Data East, Bally ou Williams. De ces grands noms il ne restera plus que Stern…
Aujourd’hui, nos machines dépassent allègrement la puissance des dernières bornes. Difficile dans les années 90, d’imaginer un tel phénomène. Le rêve d’avoir mieux que dans les salles est finalement à portée de main. Pourtant, Peut-on parler de cet onirisme tant désiré, quand il devient un réveil des plus brutal.
Jibé
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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