Si Dead Rising 2 se veut un hommage marqué à la saga de films créée par George Romero ( surtout zombies) tant dans la multitude de morts vivants que dans les codes du cinéma de genre, la vision marketing se veut différente pour ce qui est d’illustrer le background horrifique du titre. Quand l’asie se confronte une fois de plus à l’occident.
La jaquette occidentale se pose donc de la manière la plus classique qui soit, surtout depuis quelques temps où la créativité des illustrations peine à convaincre les esthètes. Ainsi Chuck Greene (1) est bien mis en avant et en action, équipé de cette arme composée d’une barre et de deux tronçonneuses (2), le tout manufacturé par ses soins.
Chuck emprunte d’ailleurs le visage des grands jours vu que celui-est fermé, limite peu perturbé par ce qui lui arrive.
Malgré la scène peu engageante, l’axiome est clair : L’on mise sur l’aspect amusant de la situation façon final gore à la Brain Dead de Peter Jackson où le héros démembrait des centaines de macchabées avec une tondeuse; tout un programme. L’illustration américaine est donc bien dans le ton et s’appuyant sur l’imagerie teenager gentiment débile.
Pas trop de sang pour permettre une mise en vente jusque dans les super marchés, un zombie coiffé d’une tête de Servbots (3) toute droit tirée du jeu The Misadventures of Tron Bonne du même développeur. De l ‘efficace comme il faut sans se creuser la tête. Rien de bien folichon en somme.
Le visuel Japonais lui joue dans une autre cour; celle graphique et violente. Il est acté que l’Asie n’a pas du tout le même rapport au sexe et à la violence que l’occident. Ainsi Shinkiro, artiste connu pour la finesse et le soin apporté à ses dessins ( Il a été longtemps illustrateur pour SNK ) se moque bien de la morale et de la bienséance d’usage pour nous proposer quelque chose de radicalement plus explicite.
Déjà la mise en scène joue sur la profondeur, accentuée par les mains purulentes représentant une vraie menace (1). La sensation d’oppression est réelle, rien à voir avec le côté statique de la version américaine. Mieux, l’ami Chuck a tout du héros de cinéma. Gueule de beau gosse, figure rassurante car affirmée tout en ayant cette fraicheur humaine; serrant les dents – certes Ultra Bright – il est malgré tout loin d’être rassuré là où il est nonchalant dans son autre interprétation. L’armement change lui aussi et c’est une bête batte à clous (2)qui servira, soulignant le côté bestial de la scène, cette dernière étant recouverte de l’hémoglobine de ses assaillants.
La tension palpable est caractérisée par la fille (3) de ce matamore malgré lui. Si elle est oubliée sur la jaquette US, elle est mise en avant et devient déterminante dans l’horreur souhaitée par Shinkiro. Traumatisée, les larmes aux yeux, les écouteurs sur les oreilles comme s’il fallait s’enfermer dans un autre monde, la pauvre enfant s’accroche à son père qui devient l’ultime espoir, ce roc salvateur. Le halo de chaude lumière les enveloppant vient rompre avec le bleu froid symbolisant la tristesse et la mort environnante.
L’image est forte, d’une rare et belle intensité. Shinkiro s’affranchit des limites et macule les protagonistes de sang. Shocking pour les associations moralistes qui veulent régenter le jeu vidéo, d’autant que la main du père sous le fessier de sa progéniture (4) pourrait là encore être sujet à controverse.
Qu’importe, nous avons ici à faire à une leçon magistrale de mise en scène et de technique graphique, où l’on ne se repose pas comme trop souvent, sur les modèles 3D pour composer cahin-caha des visuels peu réjouissants.
Japan 1 / Usa 0
Reste en bonus un dernier artwork pour l’extension Case 0 qui se suffit à lui même. Remarquablement efficace…
Jibé
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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