La Magie existe encore.

Dans ce marché houleux qu’est devenu le jeu vidéo, il y a ceux qui attendent fébrilement chaque fin d’année, annonciatrice de titres Triple A, à la manière de Call Of Duty, Assassin’s Creed et autres nouvelles saisons de FIFA .

Puis les autres qui dans leurs coins guettent le petit miracle qui passera inaperçu.

Car ils le savent, Vanillaware est le studio capable de leur offrir ce moment de magie salutaire, dans la grisaille des jeux dits matures, parce que violents. Le jeu vidéo vit encore.

Reprenant le concept du Beat Them Up si cher aux années 80 et 90, Dragon’s Crown s’empare d’un héritage médiéval bien connu, dont Golden Axe et Dungeons & Dragons ( Arcade) sont les fiers porte-oriflammes. Rappelons toutefois que Vanillaware n’est pas un nouveau venu en la matière, et qu’il est de bon ton de saluer des œuvres telles que Princess Crown ou Odin Sphere, déjà fortes inspirées.

Classique dans son déroulé, il propose ni plus ni moins que d’avancer seul ou à plusieurs (le online étant possible) dans divers environnements pour en découdre avec maints belligérants. Ou comment tenter vainement en 2013 de faire comprendre aux plus sceptiques que :

« Mais si ! Les Beat en 2D c’est mieux qu’en 3D parce que c’est la base. Double Dragon, tu connais? Comment ça je suis un vieux con ? »

Cependant, résumer Dragon’s Crown à : j’avance, je frappe et je gagne, paraît un peu court.

Car derrière son axiome de sauvagerie non expurgée, se cache en vérité un RPG.

Pondérons cette dernière assertion : par « RPG », il faudra comprendre quelques notions. Oui mais cela à son importance, notamment dans le gameplay et la profondeur même du jeu.

A l’instar de titres d’action qui se mâtinent de cette particularité (Castlevania Symphony of The Night en tête), Dragon’s Crown ne vous demande pas d’appuyer sur START et de rentrer dans la mêlée. Au contraire, l’impression de commencer un jeu de rôle façon plateau se fait ressentir dès le début.

Déjà il faut choisir la classe du protagoniste qui va se lancer dans l’aventure. De l’elfe au chevalier en passant par la sorcière, les grands classiques du genre sont à la disposition du joueur. Puis il faudra se préparer, vérifier son équipement et enrôler dans la taverne du coin quelques compagnons d’arme avant d’entamer les quêtes proposées.


La grande force de Dragon’s Crown réside bien dans sa propension à immerger immédiatement le joueur dans un univers fantastique, la voix du narrateur chaude faisant office de Maître de jeu. Ainsi l’on visite des boutiques, rencontre différents acteurs qui nous confieront des quêtes sur fond de trahison politique et autres mystères.

Plus de doute permis, nous sommes bien en présence d’un jeu de rôle.

Une fois l’arsenal et l’équipée constitués, il est temps de sortir dans les lieux hostiles pour que le beat them up reprenne le dessus certes, mais en faisant attention de ne pas gaspiller telle potion ici, vérifier que l’arme tient le choc, tout en glanant des trésors qui permettront de faire évoluer les compétences et armures.

En main, Dragon’s Crown est évident. Les coups sortent aisément et sont suffisamment nombreux pour limiter cette redondance inhérente à ce type de jeu, malgré son côté répétitif.

Et pourtant, l’on veut progresser, découvrir encore et encore ses décors magnifiques, aux allures de peintures et de dessins, rappelant ceux de Frank Frazetta ou de Luis Royo ; l’on veut l’occire ce bestiaire formidable en rêvant éveillé à l’écoute des musiques magistrales et enchanteresses de Hitoshi Sakimoto, un collaborateur très étroit de Vanillaware ; et enfin remercier George Kamitani, patron de ce studio de donner au final de l’émotion à chaque nouvelle partie.

Émotion, oui.

Sans scénario, sans mise en scène, sans acteur.

À l’image d’une toile de Maître qui laissera coi celui qui la contemplera, Dragon’s Crown étonne, impressionne et rassure. Il existe encore de vrais artisans dans le jeu vidéo, bien décidés à se jouer des codes consuméristes et des obligations des grands groupes.

Un bras d’honneur qu’il faut saluer, et un geste militant qu’il faut accomplir en se procurant certainement l’un des meilleurs jeux de la Playstation 3.

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Responsable Editorial Grand Sachem de http://ZePlayer.com I Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I Voix dans le podcast Super Retro Mega X sur Radiokawa.com

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