Histoire d’amour tragique comme si Roméo restait en vie devant la dépouille de Juliette, celle narrée par Shadow Of The Colossus en 2005 avait de quoi surprendre jusqu’à son concept.
Inerte, la jeune femme était alors posée sur l’autel d’un sanctuaire, comme s’il s’agissait là de l’ultime solution pour Wanda de retrouver pleine de vie sa chère Mono.
Un pacte se fait alors entre le héros et Dormin, une entité suprême qui en l’échange du massacre de colosses, lui promet de sauver l’être aimé.
L’affaire conclue, Wanda accompagné de son fidèle cheval Agro, part à la recherche des fameux géants dans les grandes plaines arides au décors de rocailles décidément très proches des environnements de Ico.
Face aux paisibles colosses, il sera temps de s’employer à l’escalade, s’accrocher et trouver pour chacun le point faible permettant la mise à mort. Puis revenir au sanctuaire et repartir de nouveau en quête du prochain.
Un gameplay un poil redondant qui se voit allégé grâce à une ambiance sans pareil où la coercition s’accepte. Car dans le monde de Shadow Of The Colossus rien ne se passe. Une immensité de nature d’un calme olympien, où l’on ne croise que quelques lézards. Une impression d’abandon manifeste qui renforce l’aspect dramatique de la situation jusqu’à la rencontre épatante de ces édifices mouvants. Trop majestueux pour être tués sans regrets.
Et c’est toute la problématique que pose son créateur Fumito Ueda. Doit-on éradiquer le beau pour son simple salut ? Doit-on se fiche de l’essentiel pour une crise d’égoïsme au lieu de se poser les bonnes questions ?
Il est certain que Wanda souffre, mais que peut ressentir le joueur qui sans vergogne met à mort de si belles créatures qui s’écroulent à ses pieds.
Shadow Of The Colossus des années après, pose les mêmes questions. Trouble, émerveille, dégoûte et fascine toujours autant.
Dans sa version PlayStation 4, il se magnifie et retrouver ce monde de solitude se fait avec plaisir. Bluepoint Games spécialisé dans les remasters HD, pousse son talent plus loin avec un remake fort réussi. Toutes les textures, les modèles ont ainsi été retravaillés pour un résultat fort convaincant. Superbe dans sa technique, Shadow Of The Colossus impressionne à l’écran surtout quand on a joué à sa version d’origine sur PlayStation 2.
Quelques défauts cependant viennent ternir l’ensemble. On regrette les caméras toujours capricieuses et les soucis de jouabilité qui n’ont pas été corrigés. De la même manière, il aurait été apprécié l’ajout de quelques colosses vu que d’autres avaient été créés.
Qu’importe. Shadow Of The Colossus est un jeu tellement à part que passer à côté serait une grande erreur surtout à prix modique.
Une œuvre majeure, d’une élégance folle qui ne laissera personne indifférent sauf à ne plus avoir de cœur.
About Jibé Jarraud
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