Décidément, il ne se passe pas une journée sans que nous ayons l’annonce d’une nouvelle console de jeux. La dernière en date : Edge du fabriquant Razer, sorte d’hybride tablette / PC / console. Après la Ouya et la GameStick financées par Kick Starter, la Piston de Steam, SHIELD de Nvidia, sans compter les plates-formes mobiles que sont devenues smartphones et tablettes, difficile de trier le bon grain de l’ivraie. Onlive me dit-on ? On l’avait oublié.
Portables contre machines de salon, voire les deux à la fois, la concurrence va faire rage et fera certainement des morts. L’on pensera avant tout aux projets les plus humbles pour lesquels pourrait se dessiner un bien funeste dessein. Mais il est toujours bon de rappeler que malgré une assise financière, tout colosse pourrait bien se retrouver pourvu de pieds d’argile.
N’ayons pas la mémoire courte. La dernière fois que l’on a vu autant de machines naître, certainement grâce aux succès des Super Nintendo et autres Megadrive quand il ne s’agit pas de la PC Engine, était durant l’âge d’or et plus exactement sur la période 1993-1994.
L’on pensait que seuls Nintendo et Sega se tireraient la bourre. Que nenni. De nouveaux acteurs firent leurs arrivées, parfois leur come back, s’agissant d’Atari avec sa Jaguar, machine supposée comme étant la première 64 bits.
Ainsi l’on retrouvait : la 3DO développée entre autre par le géant de l’électronique Matsushita, la PC FX de Nec autre géant, la Playdia de Bandai, la Laser Active de Pioneer, la Pipp!n de l’alliance Bandai/Apple et une certaine Playstation de Sony, bien décidé à se venger de Nintendo suite à l’avortement du projet Playstation/Lecteur CD-Rom pour la Super Nintendo.
Que de monde dans un marché pas du tout taillé à la consommation de masse. Toutes assez performantes dans leurs domaines, le grand public ne retiendra que la machine de Sony.
Les autres n’ont connu que peu de localisation et certainement pas sur le territoire européen.
L’histoire est connue. Seul Sony restera, au point d’endommager sévèrement SEGA tout en épuisant Nintendo qui jamais n’aurait pu imaginer tel retournement de situation.
Les raisons de ces échecs sont diverses. Les prix certainement trop élevés (3DO en tête), une puissance de calcul insuffisante pour la Jaguar qui n’avait pas de support CD, ou la Playdia dédiée exclusivement aux dessins animés interactifs.
On parlera de déception pour la PC FX que l’on imaginait comme une suite logique de la PC Engine, etc. etc.
Des constructeurs aux moyens énormes, qui auraient pu (dû?) s’imposer. Et pourtant…
La trop grande quantité de machines aura eu raison de ces derniers. Historiquement le marché fonctionne avec trois machines, guère plus :
80’s : N.e.s – Master System – Pc Engine
90’s : Super Nintendo – Megadrive – Pc Engine Duo
90’s : Nintendo 64 – Saturn – Playstation
00’s : Gamecube – Playstation 2 – Xbox
Et la Dreamcast dans tout ça ? Doit-elle être citée vu le peu d’incidence sur le marché ? SEGA était de trop, la partie ne se joue qu’à trois.
Et pourtant. Les plates-formes IOS, Android et Steam sont devenues des concurrents réels qui dévorent quotidiennement des parts de marché. Celui-ci a évolué, la main à changé, le jeu continue avec de nouvelles règles.
Alors ces machines ont-elles de bonnes chances de s’imposer ? Jouons les Michael Pachter de pacotille.
De toutes, seul Piston de Steam se différencie réellement pour une raison évidente : le catalogue Steam à la disposition de tous sans PC.
Pour les autres, c’est l’OS Android qui est mis à contribution. La chose risque de devenir problématique vu que ces plates-formes vont partager le même système donc les mêmes jeux. Ce partage se fera d’ailleurs avec les smartphones et tablettes labellisés Google.
Dès lors, quel est l’intérêt de se procurer l’une d’entre elles ? Un joystick ? Des boutons ? Un feeling gamer ?
Soit, mais il est raisonnable de douter de ces succès conditionnels.
Car même si les donnes ne sont plus les mêmes que celles d’il y’ a vingt ans, la maxime populaire veut que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement.
Il est toujours appréciable d’assister à la naissance de nouvelles machines, mais dans un contexte de crise financière sans précédent mais également du jeu vidéo qui ressemble de plus en plus au grand marasme du début 80, entraînant Atari, Coleco et tant d’autres, il ne serait pas étonnant de se retrouver avec une terrible relecture…
Jibé
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Scribouillard dans des zines de JV et éternel amoureux de jeux nippons insensés I
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